Des hauts et débats - Master Industries Culturelles - Université Paris 8

Comment X, censée protéger la liberté d’expression, devient-elle le terrain de propos haineux viraux, comme ceux de Kanye West en février 2025 ?

Kanye Wess Polémique

La mise en marche d’une polémique : Kanye West, une personnalité synonyme de controverse

Ce qui s’est passé le 7 février 2025 s’inscrit dans une longue série, car le nom de Kanye West a toujours été synonyme de controverse.
Depuis son émergence dans le monde de la musique dans les années 2000, sa carrière a été marquée à la fois par le succès critique et commercial de ses chansons que par ses diverses frasques dans les médias. 

Son tout premier scandale remonte à 2005, lors d’une émission de télévision caritative pour aider les victimes de l’Ouragan Katrina qui avait eu lieu à la Nouvelle-Orléan. West prend position lors d’une déclaration où il exprime son exaspération due au fait de la lenteur et l’inaction du gouvernement américain, en concluant que ce traitement doit être ancré dans une forme de racisme, dû au fait que les victimes de la catastrophe sont en grande majorité noires. “George Bush ne se soucie pas des personnes noires” affirme t-il. Cette attaque directe contre le chef de l’Etat américain provoquera de nombreuses réactions, certaines positives, d’autres négatives et Bush lui-même y répondra, de manière critique. 

Au fil des années, Kanye West fait également voir sa personnalité égocentrique, voire mégalomaniaque. Que ce soit avec ses chansons où il se compare, notamment à un dieu, nous pouvons citer “I am God” de son album Yeezus avec son titre assez transparent. 
Mais à ce moment-là de sa carrière, Kanye West était avant tout regardé comme une “bête curieuse” par le grand public. Son attitude avait tendance à attirer des réactions négatives mais les critiques n’en restèrent qu’à sa personnalité provocatrice plus qu’à ses opinions politiques. Cela finira par changer au cours des années et le réseau social “X”, anciennement Twitter, en sera le théâtre principal. 

En mai 2018, il donne une interview pour la chaîne de télévision TMZ où il déclare “On entend parler de l’esclavage qui a duré 400 ans. Pendant 400 ans ? Ça ressemble à un choix”, ce commentaire jugé ignorant et de mauvais goût lui a évidemment vallu des réactions très violentes au point qu’il se retrouvera à devoir justifier son point de vue sur les réseau sociaux dans un tweet, aujourd’hui supprimé : “Bien sûr, je sais que les esclaves n’ont pas été enchaînés et embarqués de leur plein gré. Ce que je veux dire, c’est que le fait d’être restés dans cette situation, malgré notre supériorité numérique, signifie que nous étions mentalement asservis. Si j’évoque la période des 400 ans, c’est parce que nous ne pouvons pas rester mentalement prisonniers pendant encore 400 ans. Nous avons besoin de liberté de pensée maintenant. Cette affirmation en était d’ailleurs un exemple. Ce n’était qu’une idée. Une fois de plus, on m’attaque pour avoir présenté des idées nouvelles”. 

On peut tout de suite discerner le fait que Kanye West semble se complaire dans la provocation puis ce qu’il abuse constamment de phrases chocs et de tournures extravagantes pour résumer sa pensée. Que ce soit en politique ou dans sa carrière artistique, il s’est toujours efforcé de se présenter comme quelqu’un qui porte des idées nouvelles et d’une certaine façon, cela est compréhensible. Car Kanye West possède une influence et il utilise la provocation comme stratégie marketing.

C’est également autour de cette période que West se rapproche du président Donald Trump, apparaissant publiquement à ses côtés et multipliant les déclarations élogieuses à son égard. La politique commence alors à faire de plus en plus partie de son image publique. 

En 2022, durant un défilé de mode, West (qui souhaitait désormais se faire appeler “Ye”), portait un t-shirt noir sur lequel était inscrit au dos “White Lives Matter”. Il a défendu son geste en affirmant que le mouvement Black Lives Matter était “une arnaque” et que porter ce t-shirt consistait à informer les personnes blanches que leur vie comptait aussi. Par la suite, il en viendra même à tenir les personnes juives responsables de sa mauvaise image médiatique. West commence alors, graduellement, à exprimer ses croyances antisémites dans des tweets qui conduiront à son bannissement de la plateforme.

Mais la réputation du rappeur touche le fond en décembre de la même année, lorsque, sur le plateau du complotiste d’extrême droite américain Alex Jones, West exprime son admiration pour Adolf Hitler. Depuis, West n’a cessé d’adopter une rhétorique antisémite, l’évoquant dans presque tous ses messages sur les réseaux sociaux. Cette dynamique atteint son point culminant le 7 février 2025, lorsque West publie sur X ce qu’on apelle en anglais un “rant”, c’est-à-dire un message dans lequel l’utilisateur exprime son opinion de manière véhémente. Ces tweet s sont aujourd’hui supprimées donc il est duredifficile de les mesurer numériquement. 

La syntaxe et la sémantique : la nature provocatrice des mots utilisés.

La syntaxe et la sémantique : la nature provocatrice des mots utilisés

  1. Tweet : « Je suis nazi »
    • Qui parle ? Kanye (je)
    • Verbe : suis
    • Complément : nazi
    • Effet sur le lecteur : Message extrêmement provocateur qui choque immédiatement les utilisateurs et attire leur attention par la transgression du mot “nazi”.
  2. Tweet : « J’aime Hitler »
    • Qui parle ? Kanye (je)
    • Verbe : aime
    • Complément : Hitler
    • Effet sur le lecteur : Déclaration scandaleuse qui suscite une forte réaction émotionnelle et une viralité rapide parmi les usagers des réseaux sociaux.
  3. Tweet : « Hitler était tellement frais »
    • Qui parle ? Hitler
    • Verbe : était
    • Complément : tellement frais
    • Effet sur le lecteur : Propos ironiques ou provocateurs visant à créer un effet médiatique et à susciter indignation, incompréhension ou débat chez le public.
  4. Tweet : « J’ai autorité sur ma femme. Ce n’est pas du féminisme woke. »
    • Qui parle ? Kanye (je)
    • Verbe : ai
    • Complément : autorité sur ma femme
    • Effet sur le lecteur : Déclaration autoritaire perçue comme sexiste, qui provoque indignation, débats et réactions défensives chez les lecteurs.
  5. Tweet : « Je ne m’excuse jamais pour mes commentaires sur les Juifs. Je peux dire ce que je veux, à tout moment. »
    • Qui parle ? Kanye (je)
    • Verbe : ne m’excuse pas / peux dire
    • Complément : pour mes commentaires sur les Juifs / ce que je veux
    • Effet sur le lecteur : Message de provocation assumée, affirmant une liberté d’expression radicale, ce qui polarise l’audience et intensifie les réactions négatives.

Les tweets de Kanye West lors de la polémique de février 2025 présentent une syntaxe très directe et simple, typique de la communication sur les réseaux sociaux. Par exemple, dans le tweet « Moi aussi, j’ai déjà été “woke” », la phrase est courte et claire : le sujet explicite je montre qu’il s’agit d’une déclaration personnelle, le verbe composé ai été indique l’action réalisée, et le complément prédicatif “woke” donne le contenu idéologique du message. L’usage des guillemets attire l’attention sur le terme et lui donne une nuance ironique ou critique.

En général, les tweets de Kanye ont les caractéristiques syntaxiques suivantes : le sujet est toujours explicite, presque toujours je ou moi, ce qui renforce la perspective personnelle ; les verbes sont simples ou composés au présent ou au passé composé ; les compléments sont courts et fortement idéologiques ; et les phrases sont simples, sans subordonnées ni connecteurs explicatifs. Cette structure contribue à la viralité du message, car elle facilite la lecture rapide, la mémorisation par le public et suscite immédiatement la polémique, surtout sur une plateforme comme X, où la brièveté et l’impact sont essentiels.

La syntaxe des tweets de Kanye West combine simplicité, subjectivité et force idéologique, produisant des messages clairs, directs et très provocateurs, qui amplifient la controverse et accélèrent l’engagement du public.

Dans son analyse qualitative de la pratique d’écriture l’artiste Kanye West, Gloe (2016) met en évidence que l’usage constant du sujet « je/moi », la structure syntaxique simple (absence de subordonnées) et l’économie verbale configurent une modalité de « micro‑célébrité » visant à la fois l’accroissement du capital de célébrité et la construction d’une narration personnelle authentique. Cette forme d’expression directe favorise la viralité et l’apparition comme foyer médiatique, s’alignant ainsi avec la logique de l’industrie communicative et la marchandisation de l’image, puisque la figure de l’émetteur se transforme en produit à part entière.

Sur le plan sémantique, les tweets de Kanye West s’appuient sur des mots à très forte charge historique et émotionnelle. Des termes comme « nazi », « Hitler » ou « Juifs » déclenchent immédiatement des associations collectives liées à la violence, au totalitarisme ou au génocide, de sorte que leur simple apparition crée un choc et favorise la viralité. Kanye n’utilise pas ces mots pour décrire, mais comme des déclencheurs symboliques dotés d’un pouvoir de provocation quasi automatique. Ce choix lexical, bref, direct et chargé de connotations, transforme chaque tweet en un geste performatif où l’impact émotionnel compte plus que la cohérence de l’argumentation. 

Cette capacité des mots chargés moralement à susciter des réactions immédiates est confirmée par Solovev et Pröllochs (2022), qui observent que « higher frequencies of moral and moral-emotional words predict a higher likelihood of receiving hate speech » (traduction personnelle : « une plus grande fréquence de mots moraux et moral-émotionnels prédit une probabilité plus élevée de recevoir des propos haineux »).

De plus, son vocabulaire combine des expressions idéologiques simplifiées (« autorité sur ma femme », « je peux dire ce que je veux », « woke ») avec une économie de mots laissant place à l’interprétation polémique.

Les limites du fonctionnement de X :

Kanye West parvient à contourner la régulation

A l’époque de ses premières remarques antisémites en 2022, des mesures avaient été prises contre Kanye West : Instagram avait restreint son compte et X l’avait banni et des marques avec qui il collaborait on mis fin à leurs contrats. Depuis, ses restrictions sur Instagram ont été levées mais son compte est aujourd’hui inactif. Alors que X est un réseau social où West à continuer à prospérer. En effet, son compte X a été rétabli par Elon Musk, l’année d’après. 

Une plateforme comme X encourage ses utilisateurs à s’exprimer et à partager leurs opinions, mais ses caractéristiques intrinsèques ont également favorisé l’émergence de nombreuses dérives, dont les discours de haine. 

Et pour cause, les tweets publiés par West sont faciles à modérer, ce sont des discours de haine facilement indentifiable. 

Les tweets de Kanye West sont un mélange de dérision, de langage sans-filtre et de provocation, ce qui est une recette réussie pour attirer l’attention sur ce réseau mais aussi un moyen de dédramatiser son discours. 

Dans la conclusion de son article Twitter, espace politique, espace polémique, Arnaud Mercier (2015) affirme que : 

“[…] les polémiques sur les réseaux sont pour partie liées à des polémiques médiatiques auxquelles Twitter sert de caisse de résonance”.

Les tweets de Kanye West, ainsi que les réactions qu’ils ont suscitées, reflètent des tensions plus larges au sein de l’espace public, qu’il s’agisse des limites de la liberté d’expression, du rôle des algorithmes dans la circulation des contenus ou de la persistance de croyances discriminantes. 

Ces propos, bien que polémiques et enfreignant les règles de Twitter, montrent qu’une personnalité comme Kanye West peut malgré tout exister et se faire entendre sur X. Au cours des années, plusieurs loi ont été adoptées dans le but de lutter contre les discours de haine et les fausses informations que ce soit avec des lois comme la loi Avia en 2020 ou encore des outils de réglementations qui ont été mis en place par les réseaux sociaux eux-même comme ce qu’on peut trouver sur Instagram ou Facebook par exemple. 

La plateforme X opère avant tout une “soft regulation”, c’est-à-dire qu’elle fixe ses propres règles et sanctionne les utilisateurs qui les enfreignent. Mais il est également important de prendre en compte la notoriété d’une personne comme Kanye West : le temps que ses déclarations soient modérées, des millions de personnes ont déjà été exposées à ses tweets. La mécanique de X est alors enclenchée, des captures d’écran sont prises, les tweets sont partagés et commentés, c’est un réseau social où toutes les réactions sont bonnes à prendre. Il est donc impossible pour une plateforme comme X de procéder à une invisibilisation de sa présence.  

West en a parfaitement conscience. Il poste un dernier message, le 10 février 2025 :

« Je désactive Twitter. Je remercie Elon de m’avoir permis de m’exprimer. Cela a été très cathartique d’utiliser le monde comme caisse de résonance. C’était comme un trip sous Ayahuasca. Merci à tous pour votre énergie et votre attention et à bientôt ! Bonne après-midi et bonne soirée”.

Après s’être fait restreindre par les réseaux sociaux, il prend lui-même la décision d’abandonner la plateforme. Il invoque même le nom d’Elon Musk, le patron de X, lui qui, après avoir racheté Twitter en 2022, a publié un tweet dans lequel il clamme défendre la liberté d’expression : “Par ‘liberté d’expression’, j’entends simplement ce qui est conforme à la loi. Je suis contre la censure qui va bien au-delà de la loi.” West enchaîne les remarques puériles car il sait que son statut social le rend inatteignable.

La modération comme objet de débat dans l’espace public

À l’ère des réseaux sociaux, le concept de sphère publique défini par Jürgen Habermas (1962) prend une nouvelle dimension. Bien que formulée avant l’apparition de plateformes comme Twitter ou X, sa théorie sur la délibération citoyenne et l’échange rationnel d’opinions reste pertinente. Une sphère publique saine repose sur l’accès égal à la parole et la possibilité de débattre librement des affaires d’intérêt commun. Aujourd’hui, les politiques de modération influencent qui peut s’exprimer et quels contenus sont visibles, faisant de la modération un véritable sujet de débat public.

Un exemple notable est celui des tweets de Kanye West en février 2025. Ses messages courts, provocateurs et idéologiquement marqués, centrés sur « je/moi » avec des verbes simples et des compléments polémiques, ont été modérés par certaines plateformes comme X et Twitter. Cela a déclenché un débat intense : certains estiment la modération nécessaire pour limiter les contenus haineux, d’autres y voient une atteinte à la liberté d’expression. Ainsi, la modération devient un événement public visible et contesté.

Dans le contexte numérique, l’égalité d’accès à la parole est conditionnée par les algorithmes, filtres et décisions de modération, qui déterminent quels contenus sont amplifiés et lesquels restent invisibles. L’attention se concentre souvent sur les messages ayant le plus grand impact, posant la question : qui décide de ce qui doit être régulé et selon quels critères ? Comme le souligne Zeynep Tufekci (2017), les plateformes filtrent, censurent et promeuvent les contenus selon leurs propres règles, exerçant un pouvoir sur les voix amplifiées et interrogeant la neutralité de la sphère publique en ligne.

Comme le souligne Zeynep Tufekci (2017), les plateformes sociales ne se limitent pas aux algorithmes, elles filtrent, censurent et promeuvent également le contenu selon leurs propres règles, exerçant un réel pouvoir sur les voix qui sont amplifiées : 

“Social media platforms … filter, censor, and promote in ways that differ from earlier forms of mass media. Platforms’ power over users rests largely in their ability to set the rules by which attention to content is acquired” (traduction personnelle : « Les plateformes de médias sociaux … filtrent, censurent et promeuvent les contenus d’une manière différente de celle des médias de masse traditionnels. Le pouvoir des plateformes sur les utilisateurs repose en grande partie sur leur capacité à fixer les règles selon lesquelles l’attention portée aux contenus est acquise ») (Tufekci, 2017, p. 138). Les réseaux sociaux agissent comme de nouveaux « gatekeepers » de la sphère publique numérique, déterminant quels discours se diffusent.

L’architecture d’X comme amplificateur: La circulation virale des tweets à travers les réactions des internautes.

« Important pour l’avenir de la civilisation d’avoir une place publique en ligne où une grande variété d’opinions peuvent débattre de façon saine, sans recourir à la violence » (Elon Musk sur X)

Le discours de l’entrepreneur Tesla n’a pas tardé à changer, comme nous pouvons le constater tout d’abord dans la dynamique de l’algorithme qui a rapidement évolué pour le pire. L’une des grandes difficultés dans les sciences sociales, plus précisément dans les études sur les plateformes numériques, réside dans le fait que les règles de ces plateformes changent constamment en fonction des intérêts des propriétaires et des lois en vigueur.

Une autre raison est que les dynamiques d’utilisation et leurs stratégies discursives sont continuellement repensées par les communautés de ces environnements dans le but d’attirer l’attention et de gagner en réputation (ce qui se traduit par une monétisation sur le X). Nous vivons dans un modèle de société qui transforme absolument tout en marchandise. En conséquence, le travail est précaire et pousse les gens vers des applications dont la rémunération est douteuse, une réponse désespérée au mode économique actuel que renforce la dynamique de monétisation par la haine, comme c’est le cas de l’application X.

En 2022, Elon Musk a commencé à s’intéresser à la prédominance des bots sur Twitter, à tel point que lorsqu’il a tenté d’acheter le réseau social, la transaction a failli ne pas aboutir en raison d’une polémique concernant le nombre de robots sur le site. Le magnat a déclaré qu’il renoncerait à l’achat parce que Twitter ne voulait pas divulguer le pourcentage de comptesrobotiques sur la plateforme. Il a également affirmé qu’il n’achèterait que si l’entreprise prouvait que ce nombre était inférieur à 5 %, certains experts affirmant qu’il pourrait atteindre 80 %. Plus tard, avec l’achat de la plateforme, on a l’impression que ces chiffres semblent avoir augmenté.

En 2023, X a commencé à rémunérer les utilisateurs.Cela signifie que les utilisateurs ont commencé à être rémunérés pour chaque consultation de leurs tweets. Certains utilisateurs ont alors vu la plateforme comme une mine d’or après ce changement, ils ont créé de faux profils qui publient du contenu artificiel uniquement pour attirer l’engagement, l’engagement étant devenu synonyme d’argent.

Une reception divisée de la part des utilisateurs

Passant rapidement en revue le contexte latino-américain, le 30 août 2024, le ministre brésilien de la Cour suprême fédérale (STF), Alexandre de Moraes, a ordonné le blocage du réseau social après que Musk n’ait pas respecté la décision de présenter un représentant légal au Brésil. Le blocage de la plateforme X s’est accompagné d’une migration numérique intense vers d’autres plateformes, migration qui, de toute façon, se produisait lentement avant ce blocage. Beaucoup de ces utilisateurs ont migré vers Bluesky qui, bien qu’agréable, manque de nombreuses fonctionnalités et, surtout, d’une « base culturelle » dans sa construction : le public ne s’y est pas encore habitué, n’a pas créé de liens, les habitudes ne sont pas encore établies, on ne construit pas un marécage du jour au lendemain. Le public s’est divisé entre ces plateformes, mais il est encore trop tôt pour savoir si cette popularité va se consolider.

Dans le contexte brésilien, on observe la nécessité pour les utilisateurs de trouver une plateforme similaire à X afin de rester en contact avec d’autres pays et de maintenir le débat public. L’isolement du pays par rapport au reste du monde (quel que soit le pays) peut être en quelque sorte préjudiciable.

La décision du ministre a quelque chose de symbolique : il tente de montrer la voie à d’autres États souverains, qui consiste à ne pas soumettre les politiques internes des pays à la protection ou à l’influence des grandes entreprises technologiques. Toutes les big techs devraient avoir un représentant légal dans les pays où elles opèrent et se conformer à la législation de ces pays comme n’importe quelle autre entreprise. Ainsi, les plateformes seraient responsables des dommages qu’elles causent en termes de discours haineux et de fausses informations qui affaiblissent la démocratie.

En résumé

L’espace public en ligne reste un terrain incertain. Même avec les mécanismes de modération en place, la notoriété d’une célébrité comme Kanye West, ainsi que la simplicité et le côté provocateur de ses tweets, lui ont permis de diffuser un discours haineux auprès du grand public. Une plateforme comme X ne peut pas faire disparaître un sujet de conversation qui a été largement discuté et partagé. West a compris la mécanique de X et l’exploite dans le but de provoquer. La modération instable amplifie les contenus polémiques. L’espace public numérique devient un endroit où l’irrationnel, le sensationnel et la violence prennent le pas sur la délibération collective.

Bibliographie

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Gloe, Lucas. 2016. The life of Kanye : a qualitative content analysis of Kanye West’s Twitter practice. Master’s thesis, Media and Communication Studies, Department of Communication and Media, Lund University. Disponible : https://www.lunduniversity.lu.se/lup/publication/8872496. (lunduniversity.lu.se)

FD Signifier. Fd Signifier Kanye. Vidéo YouTube, 09/06/2024. Consulté le 25/10/25 : https://www.youtube.com/watch?v=UFH6CWn7rxw&pp=ygURZmQgc2duaWZpZXIga2FueWU%3D

Habermas, J. (1962/1989). The Structural Transformation of the Public Sphere: An Inquiry into a Category of Bourgeois Society. MIT Press.

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Mercier A. (2015). Twitter, espace politique, espace polémique. In Les Cahiers du numérique,2015/4 (Vol. 11),p. 145‑168.Consulté le 21/11/25  : https://shs.cairn.info/revue-les-cahiers-du-numerique-2015-4-page-145?lang=fr

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Tufekci, Z. (2017). Twitter and Tear Gas: The Power and Fragility of Networked Protest. Yale University Press. https://www.twitterandteargas.org/downloads/twitter-and-tear-gas-by-zeynep-tufekci.pdf

Views of Kanye West wiki, consulté le 29/10 : https://en.wikipedia.org/wiki/Views_of_Kanye_West 

Piquard, A. (2022). Sur Twitter, Elon Musk fait le rude apprentissage de la modération des contenus. Le Monde. Consulté le 01/12 : https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/12/08/sur-twitter-elon-musk-fait-le-rude-apprentissage-de-la-moderation-des-contenus_6153566_3232.html

Article rédigé par Laura Manrique, Gabriela Meyer et Britanny Adriana


					
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