Fin janvier 2024, de nombreux blocages d’agriculteurs ont été relevés sur les axes routiers en France. La raison de leur « colère » comme elle fut qualifiée par de nombreux médias est la hausse prévue de la taxation du gazole non routier (GNR), autrement dit le carburant utilisé pour faire fonctionner les engins agricoles. Jusqu’en 2023, les agriculteurs bénéficiaient d’un allègement et ne payaient que 3.86 centimes de taxe par litre après remboursement. Le gouvernement supprime petit à petit cette niche fiscale depuis janvier pour inciter à consommer moins d’énergies fossiles. Par conséquent, les agriculteurs payent désormais 6 centimes de taxe par litre de GNR. Des mesures ont été évoquées, comme une remise immédiate sur le gazole des tracteurs par Arnaud Rousseau, le patron de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), au lieu d’un remboursement sur facture et déclaration. Par ailleurs, les agriculteurs dénoncent les nouvelles normes et s’opposent à l’interdiction de nouveaux pesticides.
Le débat analysé fait intervenir la militante écologiste Camille Etienne et Guillaume Roquette, directeur de la direction du Figaro magazine. Il s’agit d’un extrait de l’émission le 7/10 sur France Inter, diffusée le 6 février 2024 et modérée par les journalistes Nicolas Demorand et Léa Salamé. A l’origine, l’émission s’appelait Inter Matin et a été diffusée pour la première fois en 1974. L’échange des quatre acteurs porte sur cette thématique, et plus précisément autour de la problématique suivante, énoncée clairement pendant le débat : « Pour le gouvernement, est-ce un recul tactique ou une inflexion politique ? ».
De quelle manière les participants à cette discussion sont-ils légitimes de partager leurs opinions sur la crise des agriculteurs sans faire partie de ce milieu ? En outre, comment ce débat se contente-t-il de présenter différentes opinions sans vraiment favoriser un échange argumenté et constructif ?
D’une part, l’appartenance de Camille Etienne au parti écologiste et son engagement politique auprès des agriculteurs lui donnerait plus de légitimité à s’exprimer qu’à Guillaume Roquette, dont les engagements politiques ne le rapproche pas des concernés de cette crise. D’autre part, on pourrait supposer que le débat manque peut-être de modération ou de structure de la part des journalistes pour encourager un échange constructif, ou que les participants ont des positions trop ancrées pour permettre un dialogue efficace.
Des acteurs légitimes ?
Le 7/10 de France Inter est la première émission matinale de France avec 4 784 000 auditeurs en 2023, soit 66 000 de plus par rapport à 2022. L’extrait analysé correspond à la partie de l’émission consacrée au débat à 9h05, où « plusieurs intervenants réguliers confrontent leurs idées sur un grand fait d’actualité » comme le décrit le site de Radio France.
Selon la conception d’Hannah Arendt, France Inter est une représentation moderne de l’espace public. En effet, France Inter étant une station publique, elle est au service de l’intérêt général et donc représente un espace commun à tous (Arendt, 1958). A l’inverse du secteur privé où l’objectif principal reste l’audience en tant que chiffre en maximisant la publicité, les stations du service public comme France Inter ont pour but de « fédérer le plus d’auditeurs possible », en diversifiant leur contenu et ainsi leurs auditeurs, ouvrant ainsi l’espace public (Maréchal, 2020). L’une des priorités de la matinale est de garantir une multiplicité de thèmes, d’où l’arrivée de N. Demorand au 7/9 (ancien nom du 7/10) (Maréchal, 2020).
La légitimité de tous les intervenants de ce débat est donc une vraie question. Viennent-ils d’horizons opposés en concordance avec la pluralité des thèmes abordés par France Inter ou sont-ils spécialistes de la question ? Les modérateurs N. Demorand et L. Salamé ont pour rôle principal de répartir le temps de parole des intervenants. Journaliste et agrégé de philosophie, Demorand avait quitté France Inter pour Europe 1 avant de revenir à la station du service public, les valeurs du service public étant importantes dans sa conception de la radio. Journaliste elle aussi, L. Salamé est notamment connue pour avoir une attitude pugnace. Cette différence entre les deux journalistes est notable dans le débat par le temps de parole de L. Salamé légèrement supérieur à celui de N. Demorand. Alors que N. Demorand introduit les invités, L.Salamé cadre le temps de parole en intervenant lorsqu’elle sent qu’un des invités va parler plus que l’autre. Ces deux journalistes restent neutres pour permettre une équité de parole et d’expression d’opinions des deux intervenants dans le débat.
Par ailleurs, figure émergente du militantisme écologique en France depuis quelques années, C. Etienne est présentée comme « activiste pour la justice sociale et dynamique » dans la description du débat sur le site de Radio France, alors qu’elle n’est introduite que par les termes « militante pour le climat, activiste » par N. Demorand au début de la prise de parole. Cela enlève donc l’aspect social de sa position et minimise aux auditeurs la portée de ses actions. Cependant G. Roquette est présenté comme le directeur de la direction du Figaro Magazine, ainsi l’auditeur le rapproche donc inconsciemment aux valeurs politiques du Figaro, de tendance droitière. De par la manière dont elle est introduite, C. Etienne paraît s’imposer comme la personne la plus proche et experte du sujet de ce débat, en raison de ses engagements et de ses convictions assumées. L’attribution du caractère légitime des intervenants est donc subjective pour l’auditeur : soit il associe leur légitimité à la manière dont ils sont présentés, soit à la manière dont ils argumentent leurs propos. Ainsi, les opinions opposées de ces intervenants se reflètent dans la manière dont leur débat est construit, sans entente ni coopération.
Un faux espace d’échange
Les modérateurs du débat, L. Salamé et N. Demorand, tiennent ici un rôle mineur. En effet, leurs attributions de parole ne sont pas respectées par les deux participants et ils ne sont pas parvenus à diviser équitablement le temps de discussion. C. Etienne parle ainsi pendant 5 minutes et 35 secondes, contre 6 minutes et 20 secondes pour G. Roquette, soit presque une minute entière de plus que son interlocutrice sur un temps total de 12 minutes. Enfin, aucune remarque n’est adressée à G. Roquette lorsqu’il évoque « la caricature de l’écologiste qui a raison sur tout et qui ne laisse pas parler les gens » pour décrire C. Etienne, alors qu’il interrompt lui-même à plusieurs reprises la discussion. Cet échange peut tout de même être interprété comme une attaque personnelle, souvent utilisée pour décrire péjorativement les militants de la cause écologique.
Ainsi, ce débat ne semble pas être un espace de discussion mais plutôt un espace d’opinions. Comme le dit Maud Vincent dans son ouvrage La dégradation du débat public, un espace communicationnel n’est pas forcément conversationnel et « si les participants réagissent, ils ne le font pas en prenant en compte la parole de l’autre. » Dans cet article, Maud Vincent évoque les forums de discussion sur Internet. Toutefois, cette analyse semble aussi pouvoir être apposée sur le débat étudié, malgré la différence de support.
Ici, plutôt que de chercher à comprendre la vision de son interlocuteur, les deux intervenants viennent plutôt exposer leurs opinions et leurs connaissances du sujet, sans jamais créer un véritable dialogue. On perçoit cet aspect de l’émission avec notamment toutes les interruptions et les attributions soudaines de la parole : les participants n’ont pas le temps d’exposer leur argument en entier et sont coupés par l’autre. De plus, lorsque l’on prête une réelle attention aux discours de G. Roquette et de C. Etienne, on comprend qu’ils ne parlent pas de la même chose. D’une part C. Etienne maintient sa position écologique et avance que les mesures gouvernementales ne sont pas les bonnes, tandis que G. Roquette soutient sa théorie qui veut que l’aspect social du sujet soit plus important que l’aspect écologique. Les deux interlocuteurs ne gravitent donc pas autour d’une seule question mais sont plutôt chacun sur des satellites du débat posé en début d’émission. Il y ainsi un souci d’angle d’approche trop différent, qui n’est cependant pas corrigé par les médiateurs du débat.
En analysant ce débat, on peut se demander si ce côté polémique est un effet recherché. En effet, lorsqu’on se concentre sur la programmation du segment étudié, diffusé à partir de 09h05, on comprend selon l’article de presse de Célyne Bayt Darcourt Ecoute de la radio : moins d’auditeurs, qui écoutent de plus en plus la radio sur leur smartphone, selon les dernières données de Médiamétrie pour France Info, que le débat a lieu juste après la période de la journée la plus écoutée. Ainsi, entre ce détail et le choix des acteurs, la volonté de créer une discussion animée plutôt que construite pourrait être justifiée par un besoin d’auditeurs plus important.
France Inter ou le théâtre de l’inégalité de genre
Il apparaît enfin que le débat est mis en péril par un dernier élément, à savoir l’inégalité dans la représentation des genres dans l’espace public, qui est ici mise en exerbe par le fait que les deux invités soient un homme et une femme.
Tout d’abord, l’attaque ad personam dirigée contre C. Etienne, que G. Roquette qualifie de « caricature de l’écologiste qui a raison sur tout et ne laisse pas parler les gens qui ne sont pas d’accord » montre enfin les limites du pluralisme dans ce débat sous un autre angle, qui est celui de l’inégalité genrée intrinsèque à toute prise de parole sur l’espace public. En effet, la catégorisation de C. Etienne par G. Roquette sort des règles du débat public pour entrer dans la sphère privée et le personnel : au lieu de discuter d’idées et d’arguments, Roquette détourne l’attention du débat vers une caractérisation au sous-texte de son interlocutrice, mettant ainsi en péril toute prétention de ce débat de montrer les deux interlocuteurs sur un pied d’égalité. En effet, la remarque de G. Roquette renvoie à une certaine représentation de la femme politique, comme hystérique et buttée, l’enfermant dans un certain nombre de clichés et de représentations allant à l’encontre du discours politique de C. Etienne.
De plus, la revendication première de l’attaque de G. Roquette est que C. Etienne ne le laisserait pas parler. Or, lorsque l’on analyse le temps de parole des interlocuteurs, il apparaît que G. Roquette parle durant 6 min 20 alors que C. Etienne ne parle que 5 min 35. Cela reflète une inégalité qui est décriée par le compte-rendu de l’ARCOM, selon lequel : « L’estimation du temps de parole des femmes, tous médias confondus, est de 36%3 en 2022 : un chiffre qui n’a pas évolué depuis 2019 », et plus loin, « En 2022, le temps de parole des femmes à la radio se stabilise à 36% ». Pourquoi alors Roquette estime-t-il que son temps de parole est moindre comparé à celui de C. Etienne, si ce n’est à cause d’une certaine représentation de la prise de parole féminine sur l’espace public, exacerbée par la position de droit du média présentant l’émission (à savoir France Inter) ? Si l’on analyse les interruptions lors du débat, un phénomène semble apparaître comme évident : si C. Etienne tente à plusieurs reprises d’interrompre le discours de G. Roquette, souvent dans le but de le corriger (notamment sur des chiffres quant à la dangerosité du glyphosate), celui-ci finit tout de même ses interventions alors que la parole de C. Etienne est coupée court à deux reprises sans que celle-ci puisse terminer sa pensée, et la parole ne lui est pas forcément ré-attribuée par les présentateurs de l’émission qui ont pourtant un rôle de médiateurs dans le débat. Ce phénomène révèle donc que l’accès à la parole de C. Etienne se fait de manière plus difficile, ce qui a pour conséquence de donner l’impression que cette dernière coupe beaucoup la parole, alors que ces tentatives d’appropriation de l’espace du débat sont en réalité souvent caduques. La remarque de G. Roquette sur le temps de parole montre donc encore une fois l’inégalité profonde dans la prise de parole même, qui est toujours enfermée dans une certaine représentation genrée.
Il suffit de remonter à la pionnière de la théorie du genre, Judith Butler, qui met en avant une conception du genre comme « performatif » comme construction sociale (« C’est toujours à travers une certaine constellation de pouvoirs sociaux que je me pose la question de mon propre devenir de manière différente »[1]) pour se rendre compte de la difficulté d’une telle catégorisation genrée de l’autre dans un débat public. Cela rejoue un certain nombre de représentations sociales qui ne peuvent que décrédibiliser la parole féminine, qui répond à un certain nombre de clichés, comme étant plus émotionnelle et irrationnelle par exemple. Ainsi, la figure de l’écologiste comme une Cassandre qui « sonne le tocsin » (pour reprendre l’expression employée par G. Roquette) est alors profondément genrée et destructrice de toute tentative d’égalité des interlocuteurs dans leur prise de parole publique, et ce d’autant plus lorsque l’un des interlocuteurs utilise cette inégalité de genre pour argumenter son discours dans une attaque ad personam.
[1] “it is always in the context of a certain constellation of social power that I am able to pose the question of my own becoming differently”
VIDEOGRAPHIE
France Inter [FI] (Éd.). (2024, 6 février). Une sortie de crise agricole au détriment de l’écologie ? Camille Etienne x Guillaume Roquette [Vidéo]. Youtube. Consulté le 29 mai 2023, à l’adresse https://www.youtube.com/watch?v=FPqMhMgi2wA
BIBLIOGRAPHIE
ARCOM. (2022). Rapport annuel 2022 de l’Arcom
ARENDT H., 1958, Condition de l’homme moderne, trad. de l’américain par G. Fradier, Paris, Éd. Pocket, 2002.
Audiences Médiamétrie : rentrée historique pour France Inter et sa matinale. (2023, 16 novembre). France Inter. https://www.radiofrance.fr/franceinter/audiences-mediametrie-rentree-historique-pour-france-inter-et-sa-matinale-4713100
BAYT DARCOURT, Célyne, Ecoute de la radio : moins d’auditeurs, qui écoutent de plus en plus la radio sur leur smartphone, selon les dernières données de Médiamétrie (2023, 13 Octobre). France Info https://www.francetvinfo.fr/economie/medias/ecoute-de-la-radio-moins-d-auditeurs-qui-ecoutent-de-plus-en-plus-la-radio-sur-leur-smartphone-selon-les-dernieres-donnees-de-mediametrie_6119730.html
BUTLER Judith, “Troubling Genders, subverting Identities: interview with Judith Butler”, Agenda: Empowering women for Gender Equity, no.62 (2004).
MARECHAL Denis, « Chapitre VI. L’information », dans : , France Inter, une histoire de pouvoirs. sous la direction de MARECHAL Denis. Institut National de l’Audiovisuel (INA), « Médias et Humanités », 2020, p. 53-79. Consulté le 10 mars 2024. URL : https://www-cairn-info.accesdistant.bu.univ-paris8.fr/france-inter-une-histoire-de-pouvoirs–9782869382770-page-53.htm
MARECHAL Denis, « Chapitre XI. Des dirigeants », dans : , France Inter, une histoire de pouvoirs. sous la direction de MARECHAL Denis. Institut National de l’Audiovisuel (INA), « Médias et Humanités », 2020, p. 151-169. Consulté le 10 mars 2024. URL : https://www-cairn-info.accesdistant.bu.univ-paris8.fr/france-inter-une-histoire-de-pouvoirs–9782869382770-page-151.htm
VINCENT Maud, « La dégradation du débat public : le forum de l’émission « on ne peut pas plaire à tout le monde » », Hermès, La Revue, 2007/1 (n° 47), p. 99-106.
DOI : 10.4267/2042/24082. URL :
https://www-cairn-info.accesdistant.bu.univ-paris8.fr/revue-hermes-la-revue-2007-1-page-99.htm
Crédits photo : La photographie de couverture est la miniature de la vidéo du débat trouvée sur la chaîne YouTube de France Inter.
Merci pour cet article des plus intéressant. Votre structure est claire et très bien définie, et votre bibliographie est fournie et pertinente.
Dans ce commentaire, nous évoquerons quelques points qui nous semblent à améliorer, tout en soulignant les points forts de votre article.
Dans l’introduction, la citation du nom d’Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, pourrait laisser penser que le débat et les questions qui en découlent relèvent de cette personne, étant donné qu’il s’agit d’un point d’accroche et qu’il est le premier nom à être cité. De plus, lorsque sont annoncés les intervenants du débat, il nous aurait semblé judicieux de rappeler la thématique en ses termes et le concept clé englobant le sujet du débat dans la problématique « Pour le gouvernement, est-ce un recul tactique ou une inflexion politique ?, bien que ce ne soit pas le questionnement fondamental de l’article.
Ainsi, vous commencez par rappeler le contexte relié à l’extrait vidéo que vous analysez. Par la suite vous vous penchez rapidement sur une explication générale de l’extrait analysé avant de nous présenter vos problématiques : De quelle manière les participants à cette discussion sont-ils légitimes de partager leurs opinions sur la crise des agriculteurs sans faire partie de ce milieu ? En outre, comment ce débat se contente-t-il de présenter différentes opinions sans vraiment favoriser un échange argumenté et constructif ? Ces deux problématiques sont très bien choisies, car après visionnage de l’extrait, il est vrai que nous questionnons la légitimité de l’intervention de certains acteurs. De vos problématiques découle une structure logique qui donne envie au lecteur d’en savoir plus.
En effet, évaluer la contribution de chaque acteur en interrogeant leur légitimité et leur influence permet une compréhension approfondie de la dynamique et de l’impact de ce débat. Nous sommes ainsi en mesure d’appréhender plus clairement les enjeux et les perspectives présenté·e·s.
Votre utilisation d’Hannah Arendt dans l’optique d’assimiler France Inter à une représentation moderne d’espace public est une bonne idée car vous partez de la forme pour arriver au fond : partir du général pour arriver au particulier. Votre seconde partie sur “un faux espace d’échange” est elle aussi très bien ficelée avec des arguments clairs et une justification par une référence au travail de Maud Vincent qui vient légitimer vos propos. Si nous trouvons vos références scientifiques intéressantes et pertinentes, nous trouvons néanmoins dommage qu’il s’agisse d’allusions peut être trop brèves à ces travaux plutôt qu’à une véritable analyse et mise en perspective.
Enfin votre dernière partie est également très intéressante car vous choisissez de prendre en compte le spectre du genre. En regardant la vidéo, nous avons nous aussi été choquées par ce processus de diminution de la voix de Camille Etienne, par les modérateurs qui ne la laissent pas finir ses phrases parfois, ainsi que par le comportement de Guillaume Roquette, irrespectueux à l’égard de sa collègue de plateau. Ainsi votre utilisation de Judith Butler et de la théorie du genre est très bien choisie pour aborder ce sujet de déséquilibre médiatique si flagrant dans cet extrait. Un dernier petit point négatif, est que parfois il y a des répétitions, mais sinon, merci pour cet article finement exécuté.
Pour conclure, nous trouvons votre article bien mené et votre analyse perspicace. Nous avons apprécié le parti pris que vous effectuez quant à l’interrogation de la légitimité des interlocuteur·ice·s du débat, et avons surtout trouvé très pertinent votre questionnement sur les dynamiques de genre qui sont à l’œuvre durant le débat et qui desservent le propos des participant·e·s.
Manon Haegeli, Annelou Robin et Emma-Lou Covo
Manon, Emma-Lou et Anne-Lou,
Merci pour votre commentaire complet sur notre article, nous sommes heureux de constater que vous ayez apprécié notre bibliographie et notre axe d’analyse de ce débat.
Nous prenons en compte votre remarque sur le rôle et le poids qu’a joué Arnaud Rousseau dans cette décision. Toutefois, il ne nous a pas paru nécessaire d’approfondir ce point de la remise en contexte : notre analyse était plutôt sur le débat en lui-même que sur le sujet du débat. Il est tout de même vrai que citer ce nom en premier porte à la confusion, nous vous l’accordons.
De la même façon, concernant votre remarque sur la précision du « concept clé englobant le sujet du débat dans la problématique », nous ne jugions pas utile de le rappeler alors que nous l’avions cité plus haut. Peut-être avez-vous trouvé que les termes employés par les journalistes étaient trop complexes et auriez aimé une reformulation plus simplifiée afin d’être sûres de comprendre les enjeux du débat ?
Nous vous remercions du commentaire positif sur la logique de la structure de notre article en réponse à nos problématiques. Les deux problématiques distinctes nous paraissaient en effet primordiales afin de couvrir la complexité de ce débat. Cela nous a permis d’envisager la complémentarité de la question de la légitimité des acteurs et de l’absence d’un réel débat fondé de la part de ces derniers.
Nous prenons en compte votre remarque sur la brièveté de nos allusions à des références externes telles que celles d’Hannah Arendt et Maud Vincent ; nous tâcherons d’analyser plus nos ressources dans de futurs travaux. Concernant la pensée d’Hannah Arendt, nous pensions avoir suffisamment explicité son travail pour rester clairs et concis, mais nous tâcherons de développer ce point à l’avenir. De plus, pour la référence à Maud Vincent, la mobilisation de son article restait délicate : dans « La Dégradation du débat public », l’auteure axe son analyse autour d’un forum en ligne. Ainsi, même si la comparaison nous permettait d’approfondir notre réflexion, nous ne pouvions pas rapprocher de trop près les deux éléments.
Nous sommes heureux de voir que la question du genre vous ait autant intéressées que nous lors du visionnage de ce débat. En effet, nous trouvions cela pertinent de mettre en exergue la réduction de la place de Camille Etienne dans ce débat face à Guillaume Roquette. Cela remet aussi en question le rôle des journalistes Nicolas Demorand et Léa Salamé qui doivent être modérateurs du débat et qui manquent à leur mission. Ainsi, dans la perspective d’un futur travail, nous pouvons envisager une étude de la place de la femme dans le débat public.
Enfin, nous prenons en compte votre remarque sur les répétitions. Nous sommes en accord avec vos propos, nous avons essayé d’expliciter notre analyse un maximum en étudiant plusieurs facettes d’un même point. Nous aurions peut-être dû faire davantage attention à mieux reformuler nos propos. Nous serons plus vigilants la prochaine fois afin d’éviter cette redondance !
Nous espérons avoir éclairci les points sur lesquels vous aviez des questionnements et vous remercions encore pour votre retour !
Kim, Tristan et Adèle