Vendredi 25 septembre dernier, C8 et Cyril Hanouna lancent une version 100% féminine de Touche pas à mon poste, présentée par Hapsatou Sy, TPMP : Elles refont la télé. Ses chroniqueuses reviennent alors sur la polémique autour du film Mignonnes, accusé d’hypersexualisation infantile. Un « Grand Débat » aux aspects d’éditorial qui n’éclaircit pas la polémique.
Après avoir remporté le César du meilleur court-métrage pour Maman(s) en 2017, Maïmouna Doucouré a réalisé son premier long métrage, Mignonnes, sorti en salle le 19 août 2020, déjà récompensé à Sundance et à Berlin et présélectionné aux Oscars 2021.
Les supports promotionnels du film utilisés par Netflix aux États-Unis ont déclenché de virulentes protestations. La réalisatrice franco-sénégalaise est accusée de faire l’apologie de l’hyper-sexualisation des jeunes actrices et d’inciter à la pédocriminalité.
Pourtant annoncé comme « Le Grand Débat » de l’émission, la séquence analysée laisse transparaître l’expression d’une certaine frilosité politique, dont les espaces d’échanges mis en place trahissent l’impossible élaboration d’une pensée discursive.
Un dispositif audiovisuel inadapté
La construction d’un débat semble en effet difficilement réalisable, dans la mesure où le format-même de l’émission ne s’y prête pas. Seules douze minutes sont destinées à la polémique autour de Mignonnes. Ainsi, chaque chroniqueuse ne dispose que d’une minute et trente secondes en moyenne pour s’exprimer à ce sujet. L’espace de discussion est donc déjà bien trop limité pour élaborer une pensée discursive propre à la critique telle que définie par Habermas(2) . Le magnéto, long de quatre minutes, est en réalité celui à qui l’on accorde le plus de temps. Ainsi, le dispositif audiovisuel comme support de débat ne semble pas abouti, d’autant plus que le sujet traité est le dernier de l’émission, après plus d’une heure de direct.
Un plateau constitué de femmes non-formées
À cette dimension proprement logistique et organisationnelle s’ajoute une problématique plus spécifique. La rubrique de l’émission intitulée « Pourquoi tant de polémiques autour du film Mignonnes ?» prétend de fait vouloir éclaircir la critique que subit le film. Cependant, les chroniqueuses présentes pour débattre ne sont pas expertes —pour la majorité d’entre elles— au regard des enjeux soulevés par la polémique de Mignonnes. En effet, parmi les huit chroniqueuses, seulement Camille Hispard est pigiste et spécialiste de la culture. Ludivine Rétory, elle, est la seule spécialiste des médias et de l’afro-féminisme, et n’intervient cependant absolument pas à ce sujet. Aucune n’est professionnelle du cinéma, sociologue, pédopsychologue, ou ne représente une association qui lutte contre les maltraitances infantiles. Ainsi, il parait par exemple difficile d’apporter une réelle expertise sur les risques encourus par les jeunes actrices de Mignonnes sans l’apport de professionnel·le·s formé·e·s aux conséquences des violences sexistes et sexuelles.
Les chroniqueuses semblent donc avoir été choisies pour ce qu’elles sont des femmes, et non des expertes des sujets traités. Le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCE) a d’ailleurs révélé les chiffres concernant la présence de femmes expertes sur les plateaux de télévision : « La parole d’autorité reste un monopole masculin : 83% des expert·e·s sollicité·e·s [à la télévision] sont des hommes; ils représentent 70% des sources d’information et 70% des porte-paroles. » (3)
En plus de ne pas être expertes dans ces domaines, chaque chroniqueuse se voit attribuer un pseudonyme réducteur et misogyne, faisant maladroitement référence aux concours de beauté féminins : “Miss Kina de l’Amour”, “Miss Quinoa”, “Miss Beauty », “Miss Passion”… Ces surnoms participent donc déjà de la disqualification des intervenantes vis-à-vis du débat. La posture de mise en échec dans laquelle les chroniqueuses sont d’emblée placées concourt déjà au discrédit du débat. Difficile, donc, de considérer la légitimité de ce débat si les interlocutrices elles-mêmes sont déconsidérées. L’arène publique du discours est ici dépassée par une dimension qui échappe à la polémique. Ce constat nous conduit de fait à interroger la démarche politique de production sous-jacente. En effet, en faisant le choix de chroniqueuses non-expertes, la production semble porter largement préjudice à la dimension politique de la polémique. Nous pouvons par ailleurs légitimement nous interroger sur le manque de considération qui sous-tend ce procédé. Partant de ce constat, il serait tout autant pertinent de questionner la considération qui serait accordée à une équipe d’experts dans un contexte similaire. Cette dimension politique sexiste englobant la délibération publique n’est pas sans rappeler l’éviction de la sphère politique publique dont les femmes étaient victimes dès son origine :
« L’exclusion des femmes est un élément constitutif de la sphère publique politique, au sens où celle-ci n’était pas seulement dominée par les hommes de façon contingente mais déterminée, dans sa structure et son rapport à la sphère privée, selon un critère sexuel. De façon différente de l’exclusion des hommes défavorisés, celle des femmes joue un rôle constitutif dans la formation des structures de la sphère publique. »(4)
Cette dimension politique d’exclusion des femmes de la sphère publique —mise en perspective ici par la constitution non-mixte choisie par la production— n’est pas sans rappeler l’interrogation que soulevait Nancy Fraser, à savoir si « une éventuelle soumission de la problématique du genre à la logique marchande ou à l’administration publique favoriserait la libération de la femme. »(5) L’hypothèse ici serait celle d’une volonté éditoriale de discréditer les chroniqueuses du débat politique. En effet, celles-ci, parce que non spécialistes, nous l’avons vu, ne peuvent pas apporter de contenu scientifique propice au débat.Ainsi, le manque de diversité d’opinion se fait ressentir et les émotions personnelles des invitées prennent le dessus sur les approches scientifiques attendues. Les intervenantes n’évoquent pas réellement l’éducation par les arts, la liberté d’expression ou encore la pédo-pornocriminalité.
Une présentation des enjeux orientée
Aussi, considérant l’amateurisme de la discussion induit par le choix des intervenantes, il est intéressant d’interroger les éléments donnés aux chroniqueuses ainsi qu’au public dans le but de mieux comprendre la polémique. Les sources citées afin d’englober les grands enjeux sont les suivantes : 120% NEWS – BFMTV (14 septembre 2020), 120% net, quelques unes de magazines non cités, Culture Médias – Europe 1 (14 octobre 2020). La présentation vidéo s’ouvre avec l’annonce de l’appel au boycott de la plateforme Netflix (200 000 tweets #CancelNetflix). La voix off du magnéto présente donc les principaux arguments des détracteurs du film, en prenant soin de le spécifier (« un film qui, selon ses détracteurs, sexualiserait les enfants »). Le choix des tweets cités dans les extraits de 120% NEWS sont exclusivement ceux d’argumentaires critiques du film (« #CancelNetflix parce que sexualiser des enfants de 11 ans pour en faire un film interdit aux moins de 18 ans nourrit clairement la pédophilie. » 120% News – BFMTV). Notons que durant ce magnéto, une fenêtre en bas à gauche de l’écran donne en plus à voir les réactions des chroniqueuses en direct. Ce procédé constitue donc un élément supplémentaire dans l’orientation du débat. Par l’usage de ce dispositif audiovisuel, la chaîne semble donner à voir une première position vis-à-vis de la polémique; position qui semble a priori être partagée par toutes les femmes présentes sur le plateau. Le parti-pris de cette présentation semble donc d’ores et déjà assimilé à celui d’une défense du film de Maïmouna Doucouré. Les affiches française et américaine sont présentées aux spectatrices et spectateurs, leur laissant ainsi saisir l’origine de la polémique. Est également présenté l’enjeu électoral aux État-Unis : tandis que la course à la Maison Blanche bat son plein, les élus républicains « ont même profité de cette polémique pour glaner quelques électeurs supplémentaires. » (Culture Médias – Europe 1)
Enfin, l’usage d’un extrait de communiqué de Roselyne Bachelot (du 19 septembre 2020) vient ici appuyer la prise de parti, usant de la parole politique comme d’un argument d’autorité. Les propos et le soutien de la ministre de la culture à l’égard du film sont d’ailleurs salués par les chroniqueuses durant l’émission.
Par l’usage de ce dispositif audiovisuel, la chaîne semble donner à voir une première position vis-à-vis de la polémique; position qui semble a priori être partagée par les femmes présentes sur le plateau. Le parti-pris de cette présentation est donc d’ores et déjà assimilé à celui d’une défense du film de Maïmouna Doucouré.
Twitter : un espace de débat stérile à l’image de l’émission
L’analyse du dispositif audiovisuel couplée à celui du dispositif numérique permet de révéler les imperfections de l’émission. En effet, la promotion de celle-ci se fait notamment par le biais des comptes Twitter @TPMP et @TPMPElles, qui interrogent les internautes :
Que doivent comprendre les internautes ? Doivent-elles et ils comprendre le sujet de la polémique ? S’agit-il de comprendre pourquoi il y a polémique ? La question posée est maladroite. Pourtant, 1540 twittos y répondent (38,4 % répondent «OUI» contre 61,6 % «NON»). Par cette interrogation sur Twitter, l’émission se préoccupait-elle davantage d’élargir son audience ou de comprendre l’opinion publique ? De fait, «Comprenez-vous ?» ne signifie pas «exprimez-vous !».
Le compte @TPMP tweet une seconde fois à 21h07
Malgré le sondage auprès des internautes, le « grand débat » présenté ne prend pas en compte les contributions Twitter. Pourtant, l’on pourrait penser que la « participation du public à ces espaces conversationnels est devenue essentielle à l’économie de ces différents médias en assurant la circulation entre leurs sphères et en pollinisant leurs audiences. » (Jehel, 2018). Cependant, la conception de l’émission TMPMElles ne choisit pas de s’approprier le dispositif numérique déployé sur Twitter. Il serait intéressant d’interroger les raisons d’un tel choix.
Nous l’avons vu, la présentation de la polémique proposée par le magnéto de TPMPElles, n’est qu’un exposé partiel du débat. Il en résulte que l’espace critique conversationnel permis par Twitter est lui aussi marqué par une présentation incomplète du débat. Les internautes ont également recourt à l’affect. L’analyse des réactions nous amène parfois à nous demander si certain·e·s tweetos ont vu le film. Très peu d’arguments sont apportés sur Twitter.
En effet, plusieurs arguments pourraient être pris en compte dans l’élaboration d’une pensée critique autour du film Mignonnes. Parmi les problématiques qui ne figurent ni dans la présentation ni dans la discussion qui s’ensuit, certaines ont été soulevées sur Twitter. @Lereseaufem, réseau de femmes Afrodescentantes, présente un nouvel argument critique politique
Cette remarque ne semble pas avoir de retentissement sur la plateforme, puisqu’elle n’est ni likée, ni retweetée. En outre, il n’est nullement fait référence à la dimension raciste soulevée par @Lereseaufem sur le plateau de TPMPElles. Cette dénonciation critique du film n’est donc pas évoquée durant l’émission; l’espace de discussion ne permettant pas d’échange entre les chroniqueuses et les Twittos. Il serait donc une nouvelle fois intéressant d’interroger les raisons pour lesquelles certains sujets frileux soulevés sur Twitter ne sont pas énoncés durant l’émission.
L’argument le plus repris sur Twitter dénonce la captation cinématographique de scènes perçues par certain·e·s internautes comme choquantes. @marcouille est l’un des premiers à réagir à ce sujet sur Twitter :
L’on constate qu’aucun argument n’est apporté au débat ici. L’internaute décide d’exprimer son impression personnelle au sujet du film. Il est ici impossible de déterminer si cet internaute a visionné le film, puisque la scène de twerk évoquée figure dans le magnéto en ouverture de séquence. L’usage du registre familier ici témoigne d’une certaine violence à l’égard de ce que l’on suppose être l’équipe du film (nommée ici par ils). @AnthonyBouc974 présente le même avis à ce sujet :
L’absence de ponctuation dans la terminologie laisse deviner l’empressement avec lequel certains internautes réagissent à la question posée par le compte Twitter de l’émission. L’on constate que rares sont les commentaires qui se répondent. Les participations sont davantage de l’ordre d’une participation à la conversation ouverte sur Twitter, constituant pour elles et eux « un véritable engagement personnel » (Jehel, 2018). La prise de parole dans la sphère publique (considérant celle-ci dans son acception habermassienne, incarnée par Twitter) représente ici l’importance pour les internautes d’apporter une opinion personnelle sur ce qui se joue dans la sphère publique et d’ainsi « inscrire sa trace » (op cit). @pampam_93 rejoint donc également la position critique d’@AnthonyBouc974 :
Aussi, au regard de ces premières réactions sur le fil Twitter de l’émission, l’on constate d’emblée une division entre les partis-pris sur le plateau et sur Twitter. Le tweet de @pampam_93 est le premier à mentionner la dimension pédocriminelle du débat, en dénonçant une « ouverture à la pédophilie. » En revanche, bien que les internautes disposent de 280 caractères, les prises de position excèdent rarement 280 caractères(6) :
On constate donc que les tweets comportant le plus grand nombre de caractères ne sont pas ceux qui emportent le plus l’adhésion des internautes. Bien que @RolandRvanessa n’apporte pas ici d’argument au débat, celle-ci propose néanmoins de tempérer les réactions. Il est néanmoins difficile ici de déterminer à qui s’adresse @RolandRvanessa lorsqu’elle référence aux « affaires pédophiles » et aux « agressions quelles qu’elles soient avec des comportements provocateurs ». Parmi les twittos critiques du film, @CharlesCohu est l’un des plus actifs. Cet internaute publie 5 commentaires, s’inscrivant ainsi dans le seul espace d’échange ouvert le lendemain de l’émission (comptabilisant quatorze commentaires dans le fil de réponse) :
Malgré tout, rares sont les commentaires qui se répondent et alimentent le débat sur Twitter. Ainsi, les participations semblent en effet être davantage de l’ordre de la « participation à la conversation ouverte sur Twitter [constituant] pour les internautes un véritable engagement personnel. » (Jehel, 2018). La prise de parole dans la sphère publique (considérant celle-ci dans sa définition habernassienne, et incarnée ici par Twitter) représente ici l’importance pour les internautes d’apporter une opinion personnelle sur ce qui se joue dans la sphère publique et d’ainsi, comme le définie Sophie Jehel d’ « inscrire sa trace ». Les interventions reste imperméables les unes aux autres.
L’analyse du dispositif audiovisuel couplé au dispositif numérique nous permet donc d’affirmer que ces dispositifs ne prennent pas en compte les contributions extérieures au plateau, malgré le sondage posté sur Twitter avant l’émission et les quelques réactions d’internautes.
Malgré cela, et à l’instar de ce que décrivait Habermas à propos des cafés bourgeois du XVIIIème siècle, les espaces de discussions contemporains par le biais des plateformes en ligne sont a priori autant d’espaces de contre-pouvoir qui ne s’expriment donc que très faiblement ici.
TPMP Elles, un réel engagement politique ?
Les réactions au hashtag #TPMPElles sont finalement surtout destinés à la critique du format de l’émission, plus qu’à celle du contenu. L’émission semble incomprise des spectateurs, qui lui reprochent un caractère trop « féministe ». Il semblerait que le public qui s’exprime sur Twitter soit le public de TPMP —plusieurs fois signalée au CSA pour harcèlement et violences sexistes et sexuelles sur plateau. Dès lors, puisque Cyril Hanouna ne se présente pas d’ordinaire comme un grand défenseur des droits des femmes, l’on peut s’interroger sur l’objectif à l’origine d’une production 100% féminine : est-ce un réel engagement de la part du producteur ou intérêt personnel de celui-ci ?
(1) Dans cet article, nous choisissons de parler de « pédocriminalité », et non de « pédophile », par souci de rigueur et de justesse terminologiques.
(2) HABERMAS, Jürgen. L’espace public. Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, Paris, Payot, réed. 1988
(3) HAUT CONSEIL À L’ÉGALITÉ (2019), Avis La loi sur l’audiovisuel ne doit pas oublier les femmes, 2 décembre 2019. Consulté en ligne le 20 novembre 2020 <https://haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/avis_hce_sur_loi_audiovisuel.pdf>
(4) HABERMAS, Jürgen. L’espace public. Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la sphère bourgeoise, Paris, ed. Payot (1ère édition, 1961), 1993, p.VIII
(5) FRASER, Nancy. « Repenser l’espace public : une contribution à la critique de la démocratie réellement existante », dans : Emmanuel Renault éd., Où en est la théorie critique ? Paris, La Découverte, « Recherches », 2003, p. 103-134
(6) Le tweet le plus court comportant 11 caractères, le plus long 261, la moyenne du nombre de caractères est de 86,5 caractères par tweet.
Bibliographie :
- Karelle FITOUSSI. Maïmouna Doucouré, réalisatrice de « Mignonnes » : « Mon film est un cri d’alarme ». Paris Match, 20/08/2020 : https://www.parismatch.com/Culture/Cinema/Maimouna-Doucour-realisatrice-de-Mignonnes-Mon-film-est-un-cri-d-alarme-1699263
- Damien LELOUP et Clarisse FABRE. La polémique sur le film Mignonnes, et ses « images sexualisées », ne désenfle pas aux Etats-Unis. Le Monde, 16/09/2020 : https://www.lemonde.fr/cinema/article/2020/09/16/aux-etats-unis-la-polemique-sur-le-film-mignonnes-ne-desenfle-pas_6052338_3476.html
- Maria CRAMER. Netflix Is Charged in Texas With Promoting Lewdness in ‘Cuties’. The New York Times, 07/10/2020 : https://www.nytimes.com/2020/10/07/business/cuties-netflix-texas.html
- Gene MADDAUS. Netflix’s ‘Cuties’ Sparks a Culture War in a Tiny Texas Town. Variety, 08/10/2020 : https://variety.com/2020/film/news/cuties-netflix-texas-indictment-lewd-content-1234796595/
- Harmeet KAUR. Texas grand jury indicts Netflix for allegedly promoting lewd material over the film ‘Cuties’. CNN, 08/10/2020 : https://edition.cnn.com/2020/10/08/entertainment/texas-grand-jury-indicts-netflix-cuties-trnd/index.html
- Deepsa PAKRASI. Netflix Indicted by Texas Grand Jury Over ‘Lewd Depiction’ of Children in ‘Cuties’. Our community Now, 12/10/2020 : https://ourcommunitynow.com/news-national/netflix-indicted-by-texas-grand-jury-over-lewd-depiction-of-children-in-cuties
- Mélissa GAUDREAULT. Éduquer par les arts : un dilemme moral et social. Impact Campus, 13/11/2020 : http://impactcampus.ca/le-mag/eduquer-arts-dilemme-moral-social/?fbclid=IwAR1Op3AhHfBrW52SQ9Cx92OQ_r1HQqgt3KaqJh_G8uo8-u4YESdjZmyfrCw
- Quotidien – TMC – 14/09/2020 : https://www.tf1.fr/tmc/quotidien-avec-yann-barthes/videos/la-bac-polemique-autour-du-film-mignonnes-faut-il-choquer-pour-alerter-40156937.html?fbclid=IwAR3M4iZAv0iXVPYEl8PbEoMVwkU_ArAVawDlt61zCK7Nl_nK1Fdlfm_s3XU
- La Tribune des Critiques – France Inter – 22/08/2020 : https://www.franceinter.fr/emissions/la-tribune-des-critiques
- L’invité(e) culture – France Culture – 19/08/2020 : https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-culture/maimouna-doucoure-pour-son-film-mignonnes
- 28 minutes – Arte – 17/08/2020 : https://www.youtube.com/watch?v=TNMBni_LWXc&fbclid=IwAR0WuTv6skMhDKC12f0sy4Wn-RgnzioH_e4YwtQuIsLt4qqM8gz6wbwXDns
- 120% Net —BFMTV— du 14/09/2020
Méthodologie
Nous avons choisi de travailler sur le traitement de la polémique autour du film Mignonnes par la nouvelle émission TPMP Elles refont la télé.
La polémique est traitée dans la rubrique « Le grand débat » de l’émission du 25 septembre 2020, diffusée sur C8. Une première étape a été de dépouiller l’émission pour en faire sortir les données générales, sémantiques et quantitatives. Nous avons aussi réalisé une retranscription dactylographiée afin de mieux analyser les champs lexicaux employés.
En parallèle, nous avons recherché des tweets disponibles concernant notre sujet. Nous décidons de retenir les tweets des comptes @TPMP et @TPMPElles qui concernent l’émission autour de Mignonnes, ainsi que les réponses à ses tweets.
Après ces premiers relevés, chacune a partagé ses remarques et ses premières pistes de réflexion aux autres. Nous en avons retenus des idées communes et ainsi déterminé un choix de sujet et sa problématique : Dans quelle mesure la « frilosité » du débat au sujet de la polémique de Mignonnes s’exprime-t-elle au travers d’espaces d’échanges ne permettant pas l’élaboration d’une pensée discursive essentielle au débat ?
Nous souhaitions mettre en évidence les pistes suivantes :
> limites du dispositif audiovisuel : temps, chroniqueuses, présentation orientée, manque diversité d’opinion, impossibilité de créer un réel débat
> écho de l’émission sur Twitter : campagne de promotion de l’émission sur Twitter, réactions Twitter suite à l’émission, exploitation des réactions Twitter par l’émission
> réelles intentions de production de l’émission
Nous avons décidé de conserver un seul et même article proposant les analyses du contenu audiovisuel (l’émission TPMPElles) et le contenu numérique (Twitter).
Notre article initial étant déjà divisé en trois parties (la dernière traitant les données relatives à Twitter et intitulée « Twitter : un espace de débat stérile à l’image de l’émission ») nous n’avons pas souhaité le scinder en deux articles différents. Nous avons estimé que les analyses des deux contenus étaient suffisamment distinctes pour permettre la rédaction de deux commentaires, un sur chacune des analyses.
De plus, nos réflexions et notre rédaction ont été menées autour des deux terrains, ensemble.
Dans ce travail, il nous semblait intéressant d’étudier les deux terrains afin de les mettre en interaction. Les tweets étudiés sont en réponse aux posts de l’émission. Et l’émission fait la promotion de son « débat » autour de Mignonnes en interrogeant les twittos. C’est pourquoi, dans notre analyse, les deux dispositifs sont liés et donc à travailler ensemble. Nous avons souhaité étudier le retentissement de l’émission sur Twitter et inversement, le retentissement des réactions Twitter sur l’émission.
L’analyse du dispositif Twitter nous permet de répondre à notre problématique, et ainsi révéler les imperfections de l’émission ne permettant pas l’élaboration d’un débat.
Commentaire partie « TV » :
Bonjour,
En premier lieu, nous tenons à vous remercier de cet éclairage pertinent que propose votre analyse. Le cadre du sujet étudié se prête de manière adéquate aux théories de Nancy Fraser, tout comme de la critique qu’elle propose de l’espace public habermassien.
Votre article questionne judicieusement la place des femmes dans le cadre d’un débat à vocation politique (comme vous semblez le présenter ici), tout comme de la manière dont ce débat prend forme.
Étant dans l’incapacité de pouvoir visionner ce programme (qui semble indisponible en replay), nous aurions toutefois souhaité, dans cette analyse télévisuelle, retrouver une description plus détaillée du dispositif TV. Notre critique ne pouvant apparaître clairement dans cette description. Nous entendons par cela une brève analyse des langages lexicaux utilisés par les participantes, ainsi que de possibles “argumentaires” et positions défendues (si toutefois celles-ci s’avèrent possibles bien entendu). Selon votre article, chacune des personnes présentes sur le plateau est vouée à intervenir en tant qu’experte. Or, rien ne permet d’assurer qu’il s’agit d’un effet voulu par la production. Dans le cadre d’une expression de débat, l’expertise peut tout aussi bien être mise de côté au profit d’une parole plus “libre” et d’un point de vue personnel qui sera cherché à être partagé (comme cela semble être ici le cas). Il est aussi à noter que nombre de sujets semblent abordés dans ce programme, ce qui place le rôle “d’expertise” au second plan.
De plus, nous avons retenu cette phrase sur laquelle nous souhaitons un éclaircissement. Qu’entendez-vous par : “démarche politique de la production sous-jacente” ? Nous comprenons l’explication qui s’ensuit, mais pourriez-vous ici être plus précis·e·s sur ce que vous entendez par le cadre “politique” de la démarche ?
Nous tenons après lecture à exprimer notre accord sur le fait que l’émission TPMP 100% féminine décrédibilise l’image des femmes et de leurs prises de parole alors que le contraire est certainement recherché par la chaîne et sa production. Ce point a par ailleurs été très bien expliqué et abordé dans votre travail (qui plus est compatible avec les idées de Nancy Fraser).
Nous souhaitons aussi revenir sur la méthode d’analyse des données télévisuelles à voir aux téléspéctateur·rices. Concernant les sources, vous évoquez des données qui semblent orienter à une “défense du film”. Or, avez-vous pu dégager d’autres positions critiques sur les argumentaires de réponses pour le coup à ces mêmes critiques ? Comment le débat prend-il forme? Quels sont les possibles points soulevés par les participantes de ce débat (qui ne semble visiblement pas en être un) ? Pour terminer, serait-il possible de revenir sur la méthode d’analyse des séquences TV, mais surtout des données de ce qui constitue ce “magnéto” : quels en sont selon vous les “manques” possibles afin de ne pas “orienter” la grille de lecture que cet extrait semble effectuer ?
Nous vous remercions de l’intérêt que vous porterez à nos remarques.
Cordialement,
Groupe TV du groupe n°7 (sujet Imane Boun et Judith Waintraub).
Bonjour,
Avant tout, nous tenions à vous remercier pour vos commentaires qui nous donnent l’opportunité d’étayer notre réflexion autour de l’émission TPMP : Elles refont la télé et nous nous réjouissons que notre travail ait su résonner auprès de vous.
Pour commencer nous vous invitons à consulter l’encadré méthodologique mis en ligne cette semaine afin d’éclairer vos questions quant à nos méthodes d’analyse de données. En effet, limitées par le nombre de caractères requis, nous avons choisi de ne pas nous étendre sur la description télévisuelle afin de privilégier le développement d’une analyse précise de l’émission. Nous vous avons toutefois fourni un lien vers une captation de l’émission en amont de l’écriture de votre commentaire afin de vous permettre un cadre de travail éclairé.
Afin de répondre à vos interrogations quant au dispositif du débat et à l’uniformité des prises de positions des intervenantes, nous souhaitions néanmoins revenir sur ces sujets. On note alors que le débat prend forme en des prises de parole succinctes et successives des chroniqueuses sur douze minutes. Malgré ce dispositif déjà contraignant, de nombreuses coupures de parole sont remarquées sans que ces interruptions ne soient causées par une confrontation d’idées. En effet, les positions sont réellement uniformisées sur le plateau ce qui crée un piétinement de la séquence qui ne peut alors se qualifier de débat. L’affect est ramené sur le plateau dès la première minute où l’animatrice indique avoir eu “Maimouna” au téléphone. En appelant la réalisatrice par son prénom, une intimité est sous-entendue et donc une partialité des prises de parole. La polémique est ensuite niée par les intervenantes qui estiment de concert qu’elle n’a pas lieu d’être tandis qu’elles encensent le film sans retenue. A titre d’exemple, Hapsatou Sy parle d’un “film extrêmement touchant, poétique” et d’ “une réalisatrice de talent” quand Ludivine Rétory évoque “un film d’une nécessité absolue qui doit être mis entre toutes les mains”. Finalement les seules prises de positions réelles – défendant toujours le film toutefois – sont celles de Sandra Sisley et Cyrielle Hariel qui évoquent respectivement un enjeu diplomatique de la polémique aux Etats Unis en vue des élections présidentielles et le militantisme de la réalisatrice et de ses actrices.
Vous évoquez ensuite le fait que rien ne permet d’assurer qu’un débat expert est voulu par la production mais cela constitue en soi un problème à nos yeux puisque le sujet est susceptible de soulever des questions sensibles. Nous savons que la production de TPMP a à coeur de faire intervenir des profanes dans ses émissions. Cependant, le reste des participants ont généralement une certaine expertise sur des sujets particuliers. Ici, les surnoms réducteurs attribués aux chroniqueuses laissent à penser qu’elles ont un rôle et une expertise particulière mais dans des domaines parfois absurdes. On peut cependant toujours s’interroger sur la place de l’argumentation scientifique dans un espace de discussion télévisuel à une heure de grande écoute.
Vous nous interrogez ensuite sur le sous-texte de l’expression “démarche politique de la production sous-jacente”. Nous croyons y voir une volonté de dépolitiser la discussion, en ne donnant pas accès aux spectatrices et spectateurs à un véritable débat de fond avec une grille de lecture professionnelle. Ici, l’hypersexualisation des jeunes filles semble devenir un sujet de buzz plus que d’émaner d’une réelle volonté politique d’interroger, avec des arguments solides, le rôle des images au cinéma. En outre, on peut y voir une volonté de la production de réduire le débat à une sorte de querelle de femmes et d’opinion personnelle, dénuée d’un quelconque ancrage politique. Tout le monde y va de son point de vue, de son expérience personnelle, sans jamais soulever les véritables enjeux concrets que suscitent le débat autour du film, à savoir la mise en danger de mineures et la question de ce que l’on peut montrer ou non à l’écran pour faire passer un message dans l’espace public. Notre hypothèse est – en somme – celle d’une réelle volonté politique de la production de dépolitiser un sujet majeur du féminisme, sous le prétexte fallacieux du pinkwashing donnant ici la parole à des femmes non-expertes. Il nous semble par ailleurs intéressant de noter que le public semble épidermiquement contre le principe du forum féminin en non mixité. Les logiques commerciales de pinkwashing que sous tend un plateau entièrement féminin ne semblent donc pas porter ses fruits.
Par ailleurs, nous tenons à noter que l’émission Le grand 8 diffusée de 2012 à 2016 sur la même chaîne ne semblait pas recevoir autant de critiques de la part de son audience lors de son lancement. On retrouve pourtant, parmi ses chroniqueuses, Hapsatou Sy, animatrice de la déclinaison féminine de TPMP. On peut donc se demander pourquoi cette émission est davantage décriée que le regretté Grand 8. Le fait que l’émission soit assimilée à TPMP lui fait peut être défaut. En effet, comme nous l’avons déjà évoqué, l’émission TPMP est réputée pour ses frasques en matière de misogynie. Le public original de TPMP consent donc dans une certaine propension aux valeurs masculinistes de l’émission. Le rapprochement à TPMP peut, quant à lui, faire fuir une potentielle audience attirée par un plateau 100% féminin.
Toujours en comparant les deux émissions, nous avons noté que Le Grand 8 était bien plus structuré. L’émission abordait moins de thématiques simultanément et les débats avaient donc plus le temps de se construire sur le plateau. Les chroniqueuses également moins nombreuses – cinq au total – avaient ainsi davantage de temps pour développer leurs arguments. Cet espace de débat semble donc plus favorable à l’élaboration d’une pensée discursive. Cependant, il nous semble important de nuancer. En effet, Le Grand 8 était diffusé à une heure creuse : de 10h50 à 12h15. Les audiences ne sont donc pas comparables. Les téléspectateurs étant plus nombreux en prime time où prend place l’émission de Cyril Hanouna, ses détracteurs le sont forcément également.
En espérant que notre réponse saura éclairer vos questionnements.
L’équipe 1.
Commentaire partie “Twitter” :
Bonjour,
Avant tout, nous félicitons votre équipe pour la critique d’une émission d’infotainment comme celle-ci. Même si ce travail relève d’une certaine qualité, il nous apparaît toutefois quelques éléments de critique à vous soumettre.
Nous souhaitons commencer par une remarque concernant la citation suivante: “Nous l’avons vu, la présentation de la polémique proposée par le magnéto de TPMPElles, n’est qu’un exposé partiel du débat. Il en résulte que l’espace critique conversationnel permis par Twitter est lui aussi marqué par une présentation incomplète du débat”.
Nous ne saisissons pas le lien de cause à effet entre l’exposé partiel, et la présentation incomplète du débat. Voulez vous dire que comme l’émission ne livre pas l’ensemble des éléments de réflexion nécessaire, les internautes ne sont pas capables de formuler des commentaires pertinents ?
La deuxième citation ayant retenu notre attention est la suivante :
“Malgré cela, et à l’instar de ce que décrivait Habermas à propos des cafés bourgeois du XVIIIème siècle, les espaces de discussions contemporains par le biais des plateformes en ligne sont a priori autant d’espaces de contre-pouvoir qui ne s’expriment donc que très faiblement ici.”
En quoi sont-ils des espaces de contre pouvoirs ? Par “espaces de discussions” désignez vous bien les commentaires twitter ? Mais alors quelles caractéristiques permettent de nommer ce dispositif numérique “Espace de contre pouvoir” ?
Après vérification de notre part, il apparaît que les commentaires twitters des utilisateurs ne semblent ni se répondre, ni même interagir entre eux. De ce fait, par le manque d’interaction, ils ne sont pas en mesure d’exercer un quelconque contre pouvoir. Tout au plus ils retirent surement une impression de participer à un débat dans le fait de “laisser leur trace” via “un véritable engagement personnel”.
Nous pensons que votre déduction de “stérilité” du débat est correcte, en effet, l’espace commentaire ne montre même pas de “flame wars” pour réemployer le vocabulaire de Patrice Flichy. Cette stérilité relève aussi de l’émission, qui ignore les commentaires, nous pouvons constater que malgré l’ère du web interactif, l’émetteur et le récepteur ne sont pas en situation d’égalité, ce qui va à l’encontre de l’espace public Habermassien tout en reprenant les travaux de Fraser.
Méthodologiquement parlant, je vous aurai conseillé de vous appuyer sur Facebook en plus de Twitter. Par exemple, les posts du 25 Septembre vont dans le sens de votre analyse dans la mesure où le post sur Mignonnes (similaire à celui sur twitter) ne suscite aucun engagement tandis qu’un post non politisé (simples photos des femmes de l’équipe) en suscite beaucoup plus. J’interprète cela comme un signe de la frilosité politique que vous décrivez. Avant de conclure, je terminerais sur des détails de forme. Cela est certainement lié au format “article” du travail, mais il apparaît par instants une difficulté à cerner une problématique et ses réponses. L’article traite-t-il de féminisme ? De la qualité d’un débat ? De la politisation d’une émission ?
Nous vous remercions de l’intérêt que vous porterez à nos remarques.
Cordialement,
Groupe “twitter” du groupe n°7 (sujet Imane Boun et Judith Waintraub)
Bonjour,
Tout d’abord, nous vous remercions pour l’intérêt porté à notre travail. Nous avons apprécié votre conseil sur la possible analyse des réactions Facebook et soulignons la pertinence de votre commentaire. Nous allons tenter d’y répondre et éclairer les parts d’ombres que vous avez soulevées. Il nous semble notamment important de revenir sur la problématique de notre article et approfondir la notion d’espace de contre pouvoirs que peut représenter Twitter.
Pour commencer, il est primordial de revenir sur votre interrogation concernant la « problématique et ses réponses ». En effet, vous vous demandez si notre article traite du féminisme, de la qualité d’un débat ou de la politisation d’une émission. La problématique sur laquelle nous avons centré notre réflexion est la suivante : Dans quelle mesure la « frilosité » du débat au sujet de la polémique de Mignonnes s’exprime-t-elle au travers d’espaces d’échanges ne permettant pas l’élaboration d’une pensée discursive ? » En d’autres termes, nous voulions montrer comment les conditions et la mise en place du débat dans l’émission TPMP Elles refont la télé ne permettait finalement pas l’élaboration d’un espace d’échange et de discussion comme le définit Habermas. Nous avons donc montré en quoi le dispositif de l’émission est inadapté et comment il ne légitime pas la parole des chroniqueuses (avec leurs surnoms et leurs statuts de non-expertes). Des défaillances qui n’ont pas permis au débat sur Twitter d’être plus pertinent. Et en exposant tous ces problèmes, il semblait impossible de passer à côté de l’image « féministe » que veut se donner le programme, du moins l’image qu’un public peu averti colle à une émission composée uniquement d’intervenantes. Pourquoi TPMP, une émission au centre de plusieurs polémiques sexistes et n’étant pas un espace revendiquant un quelconque engagement politique, décide de mettre en place un plateau uniquement composé de femmes et de ce fait, politiser le programme ? Nous ne pouvons rien affirmer quant aux intentions de la production, mais nous nous questionnons tout de même. Tout cela ne serait pas une manière pour TPMP de « redorer » son image, afin de répondre aux critiques qu’ils reçoivent (les nombreuses plaintes au CSA par exemple) et pour des intérêts commerciaux. De plus, cette nouvelle « politisation » est l’une des raisons pour laquelle les échanges sur Twitter sont si faibles. Leur public twitter habituel n’est pas familier à voir apparaître autant de femmes en même temps à l’écran. Ce tweet de @candy95 posté pendant l’émission illustre bien notre propos :
« Non mais sérieusement c’est quoi ce programme de merde ce soir @Cyrilhanouna…. Première fois de ma vie que je zappe tpmp pour quotidien et sans regrets, a lundi pour une émission normal (sic). Que des meufs sérieux déjà c’est chaud mais là c’est chez Aldi que tu les as trouvé »
En somme, nous évoquons effectivement le féminisme et la politisation du programme mais toujours pour démontrer la « frilosité » du débat.
Dans un deuxième temps, pour répondre à votre questionnement sur la création d’un espace de contrepouvoir sur Twitter. Nous n’avons peut-être pas été assez clair dans l’article, nous allons donc essayer de vous expliquer notre point de vue tout en vous donnant de nouvelles données pouvant aider à élargir la réflexion. En effet, comme nous l’avons écrit et comme vous l’avez très bien retranscrit, les commentaires Twitter apparaissent plutôt dans une volonté de « laisser leur trace » via « un véritable engagement politique », en reprenant les termes de Sophie Jehel. Cependant, même si dans ce cas précis, Twitter n’est pas parvenu à faire naitre un « espace de contre pouvoir » puissant, cela ne signifie pas pour autant que symboliquement il n’en reste pas un.
Avant toute chose, si l’on revient sur les origines du débat, on observe que c’est en partie par l’intermédiaire de Twitter et l’hashtag #CancelNetflix que la polémique est apparue en France. Notamment parce que le film n’était pas encore sorti en salles et que les outils promotionnels français étaient nettement différents de ceux utilisés par Netflix. En cela c’est bien grâce à l’espace de contrepouvoir que constitue Twitter que le débat naît dans le programme télévisé.
Ensuite, si l’on se penche une nouvelle fois sur les commentaires pendant l’émission, nous constatons, que les différents « twittos » ne se répondent pas mais il est intéressant de voir que suite à la diffusion, le compte @Lereseaufem continue de réagir sur le sujet. Encore frustré du débat, le compte tente de répondre à d’autres utilisatrices et de mettre en exergue la dangerosité d’images pouvant être qualifiées de « pédopornographique » en insistant sur le fait que ce sont de jeunes filles noires. En se basant uniquement sur les photos de profils des comptes qui se répondent, on constate que ce sont en majorité des femmes noires.
Ainsi, si l’on pouvait considérer TPMP Elles comme ce qu’appelle Nancy Fraser, « une arène discursive parallèle », dans le sens où l’émission donne la parole à une communauté, les femmes, alors Twitter serait un outil pouvant créer une nouvelle arène discursive parallèle, qui cette fois-ci donne la parole aux femmes noires.
Merci pour vos remarques, en espérant que notre réponse aura éclairé vos réflexions.
L’équipe 1