L’échange entre Christine Angot et Sandrine Rousseau avait fait parler de lui avant même sa diffusion dans le talk-show On n’est pas couché le 30 septembre 2017 sur France 2 en deuxième partie de soirée. La chroniqueuse et la politicienne, venue faire la promotion de son livre Parler, avaient eu un débat musclé au sujet des prises en charge politiques des violences sexuelles faites aux femmes ; violences dont elles ont toutes deux été victimes.
Il est aux environs de 23h quand Twitter s’empare de la joute verbale qu’offrent ce soir-là C. Angot et S. Rousseau au sujet de l’accompagnement proposé aux femmes victimes de harcèlement ou de violences sexuelles. La férocité et le ton réprobateur de Christine Angot, qui quittera le plateau avant d’y revenir, visiblement affectée, surprennent le public.
Suite à la diffusion de cette séquence, il est intéressant de se pencher sur les réactions et la mobilisation sociale (terme emprunté à Arnaud Mercier) que celle-ci suscite sur la plateforme sociale Twitter. Saluons l’outils d’archive Twitter proposé par l’Inathèque qui a permis d’établir cette analyse.
Entre 23h et 4h du matin, c’est une pluie de tweets (9722 postés en direct de l’émission) qui s’abat sur Christine Angot. La majorité d’entre eux sont des attaques visant la chroniqueuse. Preuve en est par les chiffres : nous comptabilisons près de 1083 tweets contenant les hashtags #Angot ou #ChristineAngot contre seulement 163 mentionnant le nom de Sandrine Rousseau.
Les attaques se traduisent par des tweets tels que : « Honteux mais HONTEUX les mots de #Angot #Folle!! S’acharner sur @sandrousseau est VRAIMENT lamentable #Moix #ONPC Viré les 2! @Francetele » ou « la #connasse #hargneuse #agressive #folle #Angot quitte le plateau d’On n’est pas couché » ou encore « @ruquierofficiel honte à vous d’avoir dans votre émission cette #folle de #Angot sa place est dans un hôpital psychiatrique !! ».
Le champ lexical est manifestement celui de la folie. Dans les messages comportant le nom de C. Angot, les termes « malade mentale », « hôpital psychiatrique », « folle » reviennent très régulièrement. Le vocabulaire psychophobe peut être appuyé par les deux images ayant été les plus retweetées : celle d’une petite fille en colère et celle d’une femme dépressive buvant de l’alcool sous son bureau (censée imager C. Angot).
Parmi ces tweets, que l’on peut qualifier de « haineux », nous retrouvons celui de Rémi Gaillard, ayant un compte certifié à plus de 306 000 followers. Il écrit « Couper au montage l’hystérie de votre chroniqueuse par « élégance », mais garder l’extrait de votre invitée poussée à bout. #ONPC vous êtes des FDP un peu, non ? ». Ce tweet, posté au moment de l’émission, a été retweeté près de 5800 fois et il contient, lui aussi, le terme « hystérique ». Il en convient alors de s’interroger sur l’influence qu’a une telle personnalité sur ses followers. Oriente-t-il la pensée des tweetos qui auront sûrement vent de cette affaire le lendemain ? C’est ce que nous verrons ultérieurement.
A ce moment, l’instantanéité, le manque de recul et d’objectivité qu’engendre le livetweet semblent un motif majeur de la violence des tweets envers Christine Angot. C’est d’ailleurs ce que Michael Schudson décrit comme premier modèle de conversation dans son livre Why conversation is not the soul of the democracy. Il explique que toute conversation n’est pas vectrice de démocratie et que le premier modèle de conversation relève du registre de la sociabilité, de la spontanéité et de l’émotion.
Néanmoins, une toute autre approche du conflit et de la manière d’en parler a été constatée dans les 3462 tweets répertoriés le lendemain. Celle-ci correspond davantage au deuxième modèle de conversation de l’auteur qu’il décrit comme lié à la résolution d’un problème ou à la prise de décision.
Les tweets qui pointaient du doigt Christine Angot ont glissé vers des messages d’indignation concernant la production de ONPC. Le tweet de @Democalme « #onpc le montage et l’illusion au service de la malhonnêteté: #rousseau passerait pour la folle et #angot pour la personne saine !!! » est un bon exemple de ce que nous avons pu lire le 1er octobre 2017.
Le public se tourne ainsi vers une nouvelle cible, celle de l’autorité ayant consenti à laisser visible « l’humiliation » (selon les tweetos) qu’a subi Sandrine Rousseau. La production chapeautant C. Angot semble devenir davantage coupable que cette dernière.
Les tweets comprenant le nom de Sandrine Rousseau relèvent d’un vocabulaire de victimisation. Des mots tels que « humiliation » (présent dans la majorité des tweets), « écœurant », « violence », « culpabilisation » sont présents et tirés de tweets tels que « Voir ce matin @sandrousseau, fragile et courageuse à la fois, entre l’oeil éteint de Sheila et la folle furieuse Angot: à pleurer #ONPC » ou « @sandrousseau odieusement attaquée sur #ONPC , incomprise et au final, une deuxième fois victime. ».
Les attaques contre le « bourreau » désigné, Angot, laissent place au soutien à la « victime » Rousseau. Les termes utilisés illustrent la double représentation que se font les internautes des deux protagonistes : C. Angot est placée dans une posture « d’agresseur » (psychotique, etc.) et S. Rousseau dans celle de « victime » (fragile, humiliée, etc.). Le martellement de ces qualificatifs a pour effet d’influencer les autres internautes qui sont susceptibles d’adopter le même discours et les mêmes représentations.
« L’indignation, les attaques tactiques ou de dénonciation deviennent les ressors constitutifs de ces groupes qui vont alors s’affronter sous forme de polémique » c’est ainsi que Mercier perçoit les polémiques de Twitter, comme il l’explique dans son article « Twitter, espace politique, espace polémique », publié dans Les Cahiers du Numériques en 2015. Ici cependant, les twittos ne s’affrontent pas mais se liguent, dans un démarche assez manichéenne, contre une seule et même figure médiatique: Christine Angot.
Près de 1500 utilisateurs mentionnent Sandrine Rousseau et seulement 227 Christine Angot. La tendance des hashtags s’inverse elle aussi puisque Sandrine Rousseau est citée 828 fois et Christine Angot 441 fois, ce qui contrebalance très largement avec les observations de la veille au soir. Nous pouvons éventuellement en déduire que les twittos préfèrent mentionner Sandrine Rousseau lorsqu’ils l’encensent mais a contrario, citer Christine Angot au travers d’un hashtag quand ils la critiquent. Cela pourrait s’expliquer par le fait qu’une mention apparaît dans les notifications de la personne visée. L’utilisateur interpelle alors la personnalité en s’adressant à elle comme un interlocuteur direct. Il assume ses propos et tient à ce que l’individu visé (ici Sandrine Rousseau) les lise.
Nous pouvons alors nous interroger sur les raisons d’un tel manque de mentions au sujet de Christine Angot.
Même si une explication unique au manque de @ pour C. Angot ne peut être avancée, force est de constater que le @ se place ici en outil de soutien puisqu’il relaie le message à la personne concernée, et que le # contribue à une certaine « impunité », l’individu visé ne pouvant être averti du tweet que si il en fait la recherche.
Mercier répond partiellement à notre questionnement en disant que nommer une personne ou un compte twitter garantit que ceux qui sont concernés finiront par savoir que l’on parle d’eux sur le réseau et qu’il « recevront donc bel et bien les flèches ainsi décochées contre eux ». Ainsi, même si Christine Angot n’est pas mentionnée directement, pour des raisons que l’on ne peut pas définir exactement, les insultes proférées à son égard lui arriveront d’un moyen ou d’un autre.
De plus, des personnalités plus ou moins influentes n’ont pas hésité à prendre la parole à ce sujet. Par exemple, le magazine Elle France a publié «Non, madame Angot, on ne se « débrouille pas » avec une agression sexuelle ou un viol ! #ONPC #Rousseau » retweeté 915 fois.
À l’occasion de cette polémique, des associations engagées en ont profité pour parler des véritables faits importants. C’est le cas du compte @Altereco_ (média indépendant d’actualité) qui s’est engouffré dans la brèche en publiant le diagramme ci-dessous.
Au vu du nombre de retweets, il est légitime de se questionner sur l’influence réelle qu’ont ces personnalités. Elles ne sont pas connues pour leur expertise concernant le sujet du débat mais vont pourtant en devenir des figures « incontournables », portes-parole de milliers d’utilisateurs.
Grâce à la mise en lumière de ces éléments concernant ce sujet précis, il semble que les « débats Twitter », régulièrement éloignés du cœur du débat initial, prêtent d’avantage attention aux clashs et se transforment en procès d’intention. De plus, il s’avère que la temporalité des actions sur Twitter ait un lien direct avec le contenu des messages postés. Le fait que les tweets du soir et du lendemain pointent dans la même direction mais n’aient pas la même approche est-il dû à l’influence de certaines personnes publiques ou à l’effet de groupe?
D’après nos résultats il semblerait que le livetweet ne laisse pas assez de temps à l’internaute pour avoir une réflexion aboutie et favorise ce qui pourrait être qualifié de débat de forme plutôt que débat de fond, davantage présent le lendemain, à froid.
Laurene Jaeger, Diane Houziaux, Louise Chauvet
Bibliographie :
MERCIER Arnaud (2015), « Twitter, espace politique, espace polémique. L’exemple des tweets-campagnes municipales en France (janvier-mars 2014)« , Les Cahiers du Numérique vol.11, pp.145-168
SCHUDSON Michael (1997), Why Conversation is Not the Soul of Democracy », Critical Studies in Mass Communication, 1997, vol.14, pp. 297-309
FLICHY Patrice (2008), « Internet et le débat démocratique » Réseaux 4 n°150, pp.159-185
L’article “Le livetweet favorise-t-il les procès d’intention ? Le cas Angot / Rousseau” (de nos camarades Laurène, Diane et Louise) traite l’échange entre Christine Angot et Sandrine Rousseau sur le plateau de on est pas couché le 30 septembre 2017. Il expose clairement l’état des lieux de tweeter ce soir-là. Il traite un sujet extrêmement intéressant en dénonçant les limites du débat public sur les réseaux sociaux ( en étudiant le livetweet). En effet, il nous est dressé un tableau complet de la revue de tweet lors de cet échange en exposant concrètement les conséquences du livetweet et le fait que cela illustre seulement une réaction dite “à chaud” des internautes. Il nous est alors montré le nombre de tweet exacte, et des exemples précis illustrant la chronologie du livetweet.On voit donc qu’au moment même de la diffusion c’est la chroniqueuse Christine Angot et ses propose qui provoque la colère et l’acharnement des tweetos, avec “le champ lexical de la folie” comme expliqué par les auteurs. L’article ne se base pas seulement sur le débat en expliquant que le lendemain de l’émission, sûrement une fois les esprits reposés, ce n’est plus seulement Christine Angot qui est mise à tord mais la production de on est pas couché qui est vivement critiquée.
Nous sommes sur un article très détaillé, une étude poussée des tweets pendant le talk-show (réaction à chaud des internautes) et également à la suite de la diffusion. L’étude des # les plus utilisés, les nominations des différentes personnes concernées par l’altercation… Les auteurs de cet articles ont concrètement étudié les tendances tweeter concernant l’émission ONPC du 30/09/2017.
Malgré cet état des lieux très bien expliqué et détaillé, quelques points nous semblaient importants de préciser.
Nous pouvons dans un premier temps nous interroger sur l’absence de la consultation des comptes Twitter des principales intéressées : Christine Angot et Sandrine Rousseau.
De plus, les deux femmes sont victimes d’un débat prémédité et qui voulait arriver à cette fin par la chaîne ONPC. En effet le montage/ coupage de l’émission influence de manière significative le ressenti et les réactions des internautes. Il permet à la chaîne d’attribuer un rôle aux deux femmes dans ce débat, d’une part « le bourreau insensible » (Christine Angot) détruisant par ses méchantes paroles « la victime persécutée» (Sandrine Rousseau). Dans l’article, le rôle de France 2 est évoqué brièvement grâce à un tweet d’une personnalité humoristique française. Malgré le buzz qu’a produit le tweet de Rémy Gaillard, il est important de se demander si l’opinion de cette personne était légitimement étudiable et pertinente sur le sujet principale du débat?
Dans un second temps, une thématique extrêmement importante reste encore flou à la fin de cette article:
Comment un débat aussi relayé sur les réseaux sociaux et choquant autant la tweetoshpère ne peut il pas faire resurgir le problème majeur de cette altercation entre les deux femmes ? Ne sommes nous pas en train de passer à côté d’un des sujets principaux de cet échanges ayant défrayé le réseau social ?
La conclusion de l’article affirme que le live tweet étudie seulement la forme (les réactions à chaud des internautes sur le clash) et pas le fond (le réel problème qu’évoque cette altercation). L’analyse sociologique faite dans cet article montre qu’il y a dans un premier temps une vague d’agressivité féroce (tweets en temps réel en réaction à l’émission) envers Christine Angot qui évolue dans un second temps dans une vague de compassion et de soutien envers Sandrine Rousseau. Lors de cette étude les tweets n’évoquent pas un seul instant les violences physique et morale qu’a subit la chroniqueuse elle aussi par le passé.
L’article aurait pu aborder plus en profondeur le fait que sur tweeter, le problème majeur n’est pas seulement que la communauté se soit acharné autant sur Christine Angot ; mais surtout qu’il n’y ai visiblement pas de débat cohérent sur le sujet qui est extrêmement grave dans notre société contemporaine. Tout comme dans l’émission les utilisateurs de Twitter sont passés à côté du sujet de fond de ce débat. En tant que lecteurs, il aurait été appréciable de lire une ouverture mettant en relation les tweets sur le problème des abus et des agressions sexuelles faites aux femmes.
Nous aurions aimé que vous analysiez davantage le fait qu’un débat d’une telle violence est inadmissible, surtout avec les mouvements de protections des femmes abusées sexuellement qui sont omniprésent sur les réseaux sociaux, notamment avec le #metoo (qui apparaît en 2007 et relancé en 2017) par exemple.
De plus Sandrine Rousseau s’était elle même exprimée à la radio sur le sujet concluant que son affrontement avec la chroniqueuse n’était pas le plus important, que le problème majeur était les abus et les violences faites aux femmes.
Une problématique importante nous vient directement en tête à la fin de la lecture de cet article. Même si ce dernier traite et analyse le livetweet et ses répercussions, il est important d’évoquer : Comment les féministes et femmes politiques engagées ont elles réagi sur le fond du debats ? (et non pas seulement sur la forme et le clash). Nous pensons que cette problématique aurait pu être intéressante à approfondir.
Le débat est le fil conducteur de la polémique Angot/Rousseau, mais le fond du problème lui, comment a t il été abordé sur tweeter ? il aurait été intéressant de contre argumenter votre article: en affirmant certes que le livetweet “ne laisse pas assez de temps à l’internaute pour avoir une réflexion aboutie et favorise ce qui pourrait être qualifié de débat de forme plutôt que débat de fond “ (car c’est le sujet de votre article) mais en analysant en quelques lignes les réactions sur le fond le lendemain et les jours suivant le débats.
Notre équipe vous remercie pour votre retour. Nous nous permettrons de revenir sur quelques points de vos arguments, notamment sur la réaction, ou plutôt sur le manque de réaction de Rousseau et Angot, pour ensuite revenir au manque de débat dans ce cas précis, et enfin répondre à vos différentes recommandations.
Tout d’abord, vous avancez que “les deux femmes sont victimes d’un débat prémédité et qui voulait arriver à cette fin par la chaîne”. Or, c’est de la réception et la discussion autour de l’émission qu’ont pu émerger les deux figures : le bourreau et la victime. C’est justement cet aspect qui a été au coeur de notre article : Twitter a eu une place centrale dans la création de ces deux extrêmes. Ensuite, vous mentionnez une absence de consultation des comptes Twitter de Angot et Rousseau. En fait, une consultation a été effectuée, mais celle-ci n’a démontré qu’un silence des deux partis. Il est vrai que cela peut être significatif de la situation, notamment autour du silence des violences sexuelles imposé par une stigmatisation dans la société et que nous aurions dû le mentionner. Vous posez une question tout à fait légitime : « Comment les féministes et femmes politiques engagées ont-elles réagi sur le fond du débat ? » : cette problématique est certes intéressante mais elle n’était pas le point central de notre recherche, et n’a, de toute manière, pas pu être démontrée sur Twitter. En effet, même avec l’utilisation de l’outil de recherche Twitter proposé par l’Inathèque, très peu de tweets, si ce n’est aucun, relatifs au coeur du débat, n’ont pu être trouvés. Ou du moins, ils n’ont pas eu de retentissement assez fort pour être influents et captiver l’attention des utilisateurs autour du sujet de fond : les agressions sexuelles.
Vous réagissez en mentionnant la prise de parole de Rousseau à la radio pour exprimer que “son affrontement avec la chroniqueuse n’était pas le plus important, que le problème majeur était les abus et les violences faites aux femmes”. Nous sommes tout à fait en accord avec cette idée. Cependant, notre recherche ne nous permettait pas de nous éloigner de la plateforme Twitter comme terrain d’analyse. Revenons sur le fait que tout l’intérêt de cette étude était de prouver, contre tout attente, que les réseaux sociaux sont des plateformes qui semblent favoriser le “clash”, le divertissement social, plutôt que les débats politiques.
Une autre de vos remarques indique un oubli d’analyse du manque de débat sur le sujet des agressions sexuelles. L’absence de débat sur Twitter a été le premier constat lors de nos recherches. Surprises, nous avons décidé de garder cette idée, qui s’est finalement entrecroisée avec le concept du livetweet. Nous aurions peut-être dû insister davantage sur l’absence d’un débat de fond et sur les questions que cela soulève. Pour quelles raisons les internautes n’ont-ils pas réagi sur le débat même de cet extrait ? Selon nous, deux hypothèses sont plausibles. La première, au centre de notre article, est que les twittos (parfois indignés), privilégient à chaud le “clash” et les réactions spontanées à la réflexion. La deuxième porte sur la controverse du sujet : l’émission a soulevé deux points de vue et réactions radicalement différents. Les spectateurs n’ont peut-être pas réussi à se sentir concernés par le sujet ou n’y ont pas vu une opportunité de s’exprimer. La violence en a peut-être rebuté certains. Le micro espace public formé par cette controverse a permis de se rassembler autour d’un intérêt commun : le blâme porté sur Christine Angot, qui a invisibilisé les discours féministes. Pour finir, nous pensons en fait qu’il n’y a pas eu de débat de fond sur twitter à cause de la vivacité de l’échange et l’exacerbation des émotions retranscrites à l’écran. Les twittos se sont plus concentrés sur la vision que sur l’écoute.
Cependant, nous avions remarqué la reprise du discours par les influenceurs. Ceux-ci s’alignant avec les internautes dans la dénonciation plutôt que le débat. Ce qui nous interpelle, c’est votre regard sur Rémi Gaillard comme exemple utilisé. ll est vrai que certaines personnes, expertes ou concernées par le sujet en question, peuvent avoir un poids plus lourd et paraître comme plus “légitimes” pour s’exprimer. Mais en fait, le débat ne se pose pas, puisqu’en l’occurrence, Rémi Gaillard ne se penche pas sur le coeur du sujet mais uniquement sur la confrontation entre les deux femmes. Nous avons d’ailleurs précisé dans l’article que ces personnalités “ne sont pas connues pour leur expertise concernant le sujet du débat mais vont pourtant en devenir des figures « incontournables », portes-parole de milliers d’utilisateurs.”. L’intérêt de ce micro espace public est notamment de mettre à égalité tous les internautes. Par conséquent, la prise de parole d’un comédien tel de Rémi Gaillard est tout aussi légitime qu’une autre dans la formulation de l’opinion publique.
Enfin, nous tenions à nous positionner quant aux autres recommandations que vous nous avez suggérées. La première étant que vous souhaitiez que nous analysions “davantage le fait qu’un débat d’une telle violence est inadmissible”. Il est important de mentionner que nous ne sommes pas en position de jugement ou que l’expression d’une idée personnelle n’est pas pertinente à une analyse de discours. Une deuxième portant sur « une ouverture mettant en relation les tweets sur le problème des abus et des agressions sexuelles faites aux femmes ». Or, comme vous l’avez énoncé dans votre commentaire, et nous dans notre article, très peu de tweets font une référence directe à ces agressions, ce qui rend la faisabilité de ce travail très compliqué. Notre problématique s’est imposée d’elle même : l’immédiateté imposée par les réseaux sociaux, suivi d’une prise de recul dans la formulation de débat. Par conséquent, analyser “en quelques lignes les réactions sur le fond le lendemain et les jours suivant le débats” fut exactement notre procédure d’analyse. C’est à partir de ce constat que nous avons pu en tirer notre conclusion. Le soir favorisant le “clash”, puis le lendemain, les tweets penchant davantage sur le fond du débat, mais il y a toujours une réelle prise de parti et une diabolisation d’Angot.
De manière générale, vos recommandations sont tout à fait pertinentes et permettent d’ouvrir davantage le sujet. Notre terrain de recherche (Twitter) a cependant limité l’analyse de ces divers objets d’études. De ce fait, notre problématique s’est centrée sur l’importance de la temporalité des tweets, postés en direct ou suite à la diffusion de l’émission, notamment dans la portée très faible du coeur du débat et dans la formation de deux figures médiatiques. L’apparition des deux figures ne fut qu’un constat parmi l’étude qui ne formule pas une généralité. C’est pourquoi nous aurions apprécié que vos commentaires se concentrent davantage sur les enjeux qui ont été les nôtres à défaut d’ouvertures menant à une exhaustivité du sujet.