Des hauts et débats - Master Industries Culturelles - Université Paris 8

        

            La nature de notre travail, portant sur l’analyse des interactions sur Twitter que suscitent les émissions de débat télévisé, répond du constat qui est celui de l’implication progressive des médias traditionnels dans la sphère du numérique et notamment au sein des réseaux sociaux. Il faut voir qu’à cet égard, la chaîne de télévision Arte France, d’où est tirée l’émission de débat que nous étudions, travaille depuis la naissance du web 2.0 à la transition numérique. Cette stratégie affecte tant sa politique de programmation que le rapport des professionnel.le.s de l’audiovisuel aux publics de la chaîne. L’émission d’actualité et de débat 28minutes sur laquelle porte justement notre étude, serait, selon les dirigeants de la chaîne, exemplaire dans la façon dont elle permet de réaliser le potentiel interactif et dialogique des réseaux sociaux1 entre journalistes et spectateur.rice.s d’une part, expert.e.s et profanes de l’autre. Or il faut voir selon quelles modalités ce dialogue à trois entrées s’articule et à quelle conception du débat public elle répond et vient enrichir la définition.

Méthode d’enquête

 

          Pour ce faire notre méthode à été de circonscrire chronologiquement et thématiquement l’échantillon de messages postés sur Twitter sur lequel allait se baser notre observation. L’émission 28 minutes est construite et diffusée de telle sorte que nous avons choisi de traiter uniquement du débat, qui correspond à la seconde partie de l’émission et qui, d’une durée d’environ 20 minutes, permet un échange entre 3 invité.e.s, 2 chroniqueur.euse.s et 1 présentateur.rice. L’émission sélectionnée pour notre observation est celle du 1er mars 2018, entant qu’elle se veut représentative tant du niveau d’audience moyen de l’émission que du niveau moyen d’affluence de tweets qui, sur la plateforme, contiennent les mots-dièses #28minutes et/ou entités @28minutes. Un élément aussi pris en compte dans le choix de cette émission plutôt qu’une autre aura été le thème de l’émission, un sujet de société (l’euthanasie) mobilisant un ensemble varié de domaines de connaissances (médical, juridique, philosophique, politique et économique). Par conséquent, notre étude s’est limitée à l’observation des tweets ayant été publiés durant les 24h du jour de diffusion de l’émission à l’antenne.

          En partant des observations faites sur notre échantillon, on relève trois phénomènes caractéristiques des échanges entre les internautes et l’émission.

D’abord, une forte présence de l’entité @28minutes dans l’ensemble des tweets observés, que ça soit au niveau de la publication de messages originaux (incluant quasi-systématiquement des contenus audiovisuels tirés de l’émission) que des réponses apportés aux messages qui lui sont adressés.

Ensuite, une concentration des messages d’internautes adressés à la chaîne au travers du dispositif de la « question des internautes », où ces dernièr.e.s formulent une question portant sur le débat du jour, dans l’espoir que celle-ci soit sélectionnée par la chaîne pour être posée aux invité.e.s en présence sur le plateau de l’émission.

Enfin, parmi la somme des messages d’internautes, il se trouve qu’une part équitable d’entre eux portent d’une part, sur le fond du débat traité dans l’émission et d’autre part sur la forme que prend ce débat (tant au niveau de la qualité argumentative des invité.e.s et des journalistes, que du déroulement de l’échange et de la bonne répartition de la parole des invité.e.s). Or, sur ce dernier point, il faut voir que les messages de fond, ne font montre que d’une prise de position de la part des internautes ou d’une affirmation de la parole des invité.e.s, et non d’une volonté active de participer au débat en avançant des arguments nouveaux, ou en émettant une réflexion indépendante de celle d’un.e des invitée.es. L’activité des internautes semble alors cantonnée au fait d’arbitrer le débat télévisé, et non d’y prendre part pleinement.

          Tous ces phénomènes nous conduisent à avancer l’hypothèse selon laquelle l’implication de 28minutes sur le réseau social twitter sert une double fonction quant à la question de la démocratie dans l’espace public : d’une part, à réaffirmer l’autorité des scientifiques et expert.e.s des domaines concernés par le sujet du débat. D’autre part, à contraindre le pouvoir des journalistes et des producteurs par la mise en œuvre d’une stratégie de surveillance des internautes quant aux règles du débat télévisé.

Twitter et 28minutes : Une rencontre au cœur de la logique transmédia d’Arte France

 

          Comment nous l’avons déjà signalé en introduction, Arte France accroît chaque année depuis 2006 son offre numérique, que ce soit par la création de nouvelles plateformes exclusives ou par l’intensification de son activité sur les réseaux sociaux (Twitter, Facebook et Instagram surtout). Cette dynamique s’en ressent notamment sur Twitter, où Arte est la quatrième chaîne la plus suivi parmi les 10 chaînes télévisés les plus regardés en France (où elle ne figure qu’en neuvième position2). Cette popularité se retrouve notamment dans les programmes d’ARTE également présents sur Twitter et qui, comme 28minutes, produisent énormément de contenus afin de fidéliser les abonnés. Cette forte présence de 28minutes peut expliquer l’augmentation progressive de son audience à l’antenne, elle exprime surtout la volonté de la chaîne de capter un public nouveau via les réseaux, sensiblement plus varié que son public de télévision originel (lequel est plus âgé, plus diplômé et ayant des revenus plus élevés que la moyenne nationale3).

           Ici, donc, Twitter n’est compris par la chaîne que comme un moyen au service du premier écran, de l’offre télévisuel. On voit d’abord que les réseaux sont d’abord une vitrine de l’émission et que tous les messages de @28minutes formulent une attente de la diffusion à l’antenne ou partagent les moments les plus intéressants de l’émission. Or, tous ces extraits d’émissions ou ces teasers de diffusion s’intègrent formellement bien au support de Twitter. Le fait de la citation et l’usage des mots-dièses aura été adopté, il faut croire,  pour leur capacité à se partager facilement et à synthétiser rapidement les arguments et pensées d’un.e invité.e du débat. L’interactivité du contenu soutenue par le support vidéo appuie encore l’idée que 28minutes attend moins la réaction des internautes que leur participation à la diffusion des contenues (ce qui s’observe sur la plupart des tweets de @28minutes, qui sont proportionnellement plus « retweetés » que commentés).

Exemple d’un extrait du débat télévisé restitué sous la forme redoublée de la citation et de la vidéo.

 

          Ce développement suggère que 28minutes poursuit les objectifs que se proposent la chaîne à l’antenne : Instruire les internautes, valoriser et diffuser la parole des sachant.e.s et expert.e.s et par conséquent, maintenir le ou la spectateur.rice  dans une position de passivité dans la réception du savoir (et de rendre même l’internaute à nouveau spectateur.rice de l’émission). Or, toute notre argumentation tend à démontrer que si le rapport au savoir du profane ne change pas au travers de l’outil numérique, c’est plutôt dans les modes de diffusion et de régulation de l’information que l’internaute devient actif et est invité à prendre en charge des fonctions qui, jusqu’à l’avènement d’internet, étaient réservées aux professionnel.le.s de l’audiovisuel. Si Twitter a servi à rendre 28minutes plus populaire et plus regardé, c’est en raison de la mobilisation combinée de l’émission et des internautes. La première en ayant priorisé le développement de formes de contenus attractives et adaptées aux réseaux sociaux; les second.e.s en ayant supporté ces initiatives, et ce malgré le peu de visibilité de l’émission, qui, il faut le rappeler, se retrouve facilement noyée dans la somme d’informations et d’incitations contraires qui règnent sur le réseau social.

 

Centralité du dispositif de « la question des internautes »

 

          Le premier moyen dont s’est équipé l’émission pour préparer son intégration à la twittosphère, aura été de mettre en place la question des internautes en ouverture du débat télévisé. Ce dispositif a permis une fidélisation rapide du public spectateur au compte de l’émission sur la plateforme Twitter, en proposant aux internautes une intervention quotidienne et élective au débat de chaque émission. Les messages d’incitation dont on trouve des exemples ci-dessous sont les messages les plus commentés provenant de @28minutes.

 

 

Message incitatif de la part de la chaîne dans le cadre de la « question des internautes »

Fil de discussion d’un des messages d’incitation, le plus commenté de l’échantillon avec un total de 28 commentaires.

         

 

         

 

 

 

 

 

          Là encore, on observe la réaffirmation de la double position de l’internaute : d’un côté, il demande à s’instruire, à ce que quelqu’un de mieux placé que lui (et dont la supériorité intellectuelle et sociale est induite par sa présence dans l’émission) éclaire un endroit de son ignorance. D’un autre côté, l’internaute conditionne la première prise de parole de l’expert.e en lui imposant le sujet du débat et en demandant à son interlocuteur de faire preuve de toute la rigueur intellectuelle et argumentative qu’il lui prête.

           Arte reste indéfectiblement lié, tant dans sa ligne de programmation que dans l’imaginaire qu’il suscite auprès des spectateur.rice.s (qu’ils ou elles regardent ou non la chaîne ), à une vision élitiste de la culture. Si la chaîne tend à se rendre plus populaire, son image la suit et rend le dialogue avec son public toujours difficile à enclencher. Or, 28minutes est le premier de ses programmes à tenter de franchir ce mur invisible par le biais du numérique. Comme cela a été développé dans un précédent article, 28minutes emprunte déjà beaucoup aux formes du talk-show et traite volontiers des sujets appréciés et fédérateurs d’un grand nombre de téléspectateur.rice.s. Ce dispositif de la question des internautes participent justement de cette ouverture a des formes populaires de programme télévisuels.4

          Toutefois, ces efforts de rapprochement entre l’émission et le public retirent peu au caractère solennel que revêt la position de l’invité.e à la télévision. Ce rapprochement tient plus souvent à la façon dont individuellement l’invité.e se présente dans l’espace public, sur les réseaux sociaux ou les plateaux TV. Le niveau d’exposition de l’expert.e à la sphère public est en effet déterminant pour évaluer les modalités de ces interactions avec les internautes. Preuve en est, la présence de Rokhaya Diallo dans l’émission avait suscité bien plus de réactions sur Twitter que n’en a fait celle de Jean-Claude Ameysen, le 1er mars 2018. Cette différence s’explique par le niveau de médiatisation de l’un.e et l’autre, la première étant très active sur les réseaux sociaux en sa qualité de militante afro-féministe, le second n’ayant pas même de compte Twitter. En présupposant une identification de l’espace médiatique à un espace politique, on voit que la question de la proximité entre représentants du pouvoir (ici donc du savoir) et représentés (apprenants) est central. Prenant pour  référence le  texte de Rosanvallon sur la légitimité de proximité, on comprend que plus il y a de proximité entre -schématiquement-représentants et représentés, plus les premiers ont à répondre des incitations des seconds. Or, en revenant aux interactions suscités par le dispositif de questionnement, on voit que la distance est encore de mise, à en juger par le niveau de langage et l’absence quasi-systématique d’injure sur ce genre de discussion (fait assez rare sur Twitter pour être noté). Selon la citation de Rosanvallon, il faut voir alors l’improductivité de ce dispositif tant en terme de gain pour l’aspect démocratique que pédagogique du débat:

« Le sentiment de distance, de confiscation, est en effet aussi dérivé de l’ignorance. Un monde opaque est un monde étranger, dans lequel on se sent facilement dominé, sur lequel on a le sentiment de n’avoir aucune prise.5« 

 

          On voit par ailleurs que, si la question des internautes suscite la plus grande part de mobilisation des échanges entre @28minutes et ses followers, elle ne favorise pas pour autant les échanges entre internautes.

          L’unilatéralité de ces échanges qui peut être étendu même au delà du dispositif de questionnement fait la preuve de deux phénomènes se rejoignant  : D’une part, que Twitter ne crée pas de débat parallèle au débat télévisuel, et que plus fort encore, il ne permet pas la participation des internautes au débat télévisuel sinon que dans cette petite case réservé de la première question. Les internautes ne réagissent pas énormément dans l’ensemble à ce que disent les invité.e.s, car comme tout bon élève, le spectateur d’Arte contredit rarement le professeur. La mission que perpétue 28 minutes, comme tout débat télévisé, répond de l’idée souvent fausse que la société souffrirait d’un déficit d’information public6, et que ce déficit devrait être pris en charge (au vœu d’un paradoxe inquiétant) par des émissions de TV mêlant l’information au divertissement. Or, si l’on veut poursuivre la référence à Callon, c’est moins d’un modèle d’instruction que devrait s’approcher la forme d’un débat public, mais plutôt d’un modèle d’interaction où la connaissance d’un citoyen devrait valoir autant que celle d’un.e expert.e. Là ou la démocratisation du débat se joue, c’est en revanche sur le plan du rapport de l’internaute au professionnel audiovisuel. Car, comme toute bonne personne cultivée qu’il est, a priori, l’internaute attend de l’intervenant.e d’Arte qu’il ne l’induise pas en erreur. C’est ainsi que d’autre part,  par le biais du questionnement ou par la simple adresse direct à l’émission, l’internaute se saisit du droit d’arbitrer et de chaperonner le débat plus que d’y participer sur le plan des idées. La place que 28minutes laisse à l’internaute est celle du journaliste, bien plus celle du spécialiste. C’est ce dernier élément que nous étudierons, par la référence au texte de Rosanvallon sur la démocratie d’interaction, où l’on comprendra non pas l’espace social dans son ensemble, mais l’espace du débat télévisé comme lieu de l’empowerment du citoyen-internaute à participer à la mise en scène et au récit des idées.

Twitter et la « démocratie de la surveillance »

 

          Notre dernier point d’observation demande un recours plus systématique aux exemples de tweets d’internautes adressés au compte de l’émission du 1er mars, hors du dispositif de questionnement. On remarque que ces tweets sont majoritairement de trois natures: Les premiers sont ceux qui ont revendiqués en amont de l’enregistrement de l’émission que soit discutée la proposition de loi du groupe parlementaire de la France Insoumise sur le sujet du débat de l’émission, le droit à la fin de vie digne. La raison de ces revendications est explicitée dans les messages reproduits ci-dessous. Cette mobilisation des internautes porte sur la forme du débat, incitant à traiter un aspect (politique, ici) plutôt qu’un autre du sujet. 

 

 

 

          La deuxième catégorie de messages met à jour des rectifications quant à la qualité des arguments échangés sur le plateau. C’est ce que nous évoquions plus haut en citant le public traditionnel de la chaîne, qui peut-être en droit de réclamer certaines conditions du débat au regard de la ligne de programmation d’Arte et de la place que la chaîne occupe historiquement dans le paysage audiovisuel français. Ces corrections apportés par les internautes se font toujours majoritairement sur l’aspect formel du débat.

 

          La troisième catégorie de messages, elle, se rapporte le plus souvent aux réactions vis-à-vis des contenus proposés par @28minutes. Il s’agit pour les internautes de se rallier à la position d’un.e des invité.e.s, de l’enrichir ou au contraire de s’y opposer sans pour autant proposer d’alternatives ou de contre-arguments productifs pour le débat (sauf exceptions).

 

       

          Cette catégorisation des tweets permet de juger la prise de paroles des internautes à l’aune des réflexions que  Rosanvallon porte sur le modèle de la démocratie d’interaction. On a reconnu plus haut que l’émission 28minutes parvenait difficilement à entretenir une véritable interaction entre expert.e.s et profanes dans le rapport que chacun.e entretien aux savoirs.  Or, ces exemples nous montrent la vivacité des échanges qui se développent sur la plateforme, sous les formes que Rosanvallon appelle « les fonctions politiques à l’œuvre dans la démocratie diffuse d’interaction »7. Qu’il s’agisse des tweets de revendication ou de rectification, chacun.e affirme une position de jugement vis-à-vis de la façon dont est mené le débat télévisé. L’ensemble tend à former comme un début d’instance de surveillance des prises de paroles, à l’image de ce que décrit Rosanvallon comme « une sorte de double coopératif et contradictoire du pouvoir »8. Dans le passage que nous citons, l’auteur fait mention du monde associatif, et il faut voir qu’on recense un bon nombre de followers de @28minutes comme étant des comptes d’associations. Ces quelques observations font la preuve que Twitter peut apparaître comme un outil démocratique et servir à la naissance de mouvements de contre-pouvoir, comme c’est le cas sur le sujet de notre étude. C’est un constat à relativiser cependant, dans la mesure où, tant  à l’échelle très générale de la plateforme qu’à l’échelle restreinte de notre échantillon, l’usage de Twitter comme moyen d’action démocratique reste faible.

          Nous conclurons notre article sur cette citation de Rosanvallon, propre à attirer l’attention sur les potentialités de Twitter comme moyen d’interaction au service de la démocratie :

« Quand ils se sentent impliqués dans cette circulation d’informations et de connaissance, les citoyens établissent donc de fait un nouveau rapport aux gouvernants. »9

 

Notes

Dossier de presse du 23 avril 2013 : Offre Bimédia, ARTE

2 Selon le dernier relevé d’audience de Médiamétrie : https://www.mediametrie.fr/television/communiques/l-audience-de-la-television-du-12-au-18-novembre-2018.php?id=1974

3 M.SCHROEDER, « Qui sont les téléspectateurs d’Arte ? », in Television éducative : que veut le public ? (dir. M.COHEN, M.MEYER), Paris, CNDP, 2000, pp.106-107

4 S.PERRY , G.VILLENEUVE. « Public profane, public expert. La mise en scène des messages du public dans les émissions de débat télévisé : une comparaison France-Angleterre », Politiques de communication, vol. 6, no. 1, 2016, pp. 59-80.

5 P.ROSANVALLON, La légitimité démocratique, Chapitre IV «  La légitimité de proximité », Paris, Le Seuil, 2008, pp.330-331

6 M.CALLON, P. LASCOUMES, Y. BARTHE, Agir dans un monde incertain, Essai sur la démocratie technique, Paris, Le seuil,2001

7 P. ROSANVALLON, Op. cit, p.329

8Ibid.

9 P. ROSANVALLON, Op. cit, p.331

 

Bibliographie

  • M.CALLON, P. LASCOUMES, Y. BARTHE, Agir dans un monde incertain, Essai sur la démocratie technique, Paris, Le seuil,2001
  • D. CARDON, F. GRANJON, Mediactivistes, Chapitre V « Des médias alternatifs aux médias participatifs », , Paris, Sciences Po, 2013
  • P. FLICHY, « Internet et le débat démocratique », Réseaux, 4 N°150.
  • S.PERRY , G.VILLENEUVE. « Public profane, public expert. La mise en scène des messages du public dans les émissions de débat télévisé : une comparaison France-Angleterre », Politiques de communication, vol. 6, no. 1, 2016, pp. 59-80.
  • P. ROSANVALLON, La légitimité démocratique, Chapitre IV «  La légitimité de proximité », Paris, Le Seuil, 2008

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