Karl Zéro reçu par CNews pour parler de pédocriminalité avec Pascal Praud.
Le 4 mai dernier, Karl Zéro, la personnalité aux multiples casquettes, est reçu par Pascal Praud et son équipe sur le plateau de L’Heure des pros, émission diffusée sur la chaîne de la TNT CNews. Sa venue était motivée par la sortie du nouveau numéro de son magazine L’envers des affaires, un magazine trimestriel dans lequel Karl Zéro revient sur des affaires connues, en y apportant de nouvelles pistes. Ce numéro en question traite particulièrement de l’affaire Nordahl Lelandais et de la petite Maëlys. L’émission survient au même moment que le procès de l’ancien membre de l’armée française, accusé du meurtre d’Arthur Noyer.
Durant l’émission, Karl Zéro annonce d’emblée sa théorie : un réseau complotiste nous entoure, et ces affaires dans lesquelles Nordahl Lelandais est impliqué n’en sont qu’une infime partie, ou selon ses mots :
« En clair je suis en train de vous dire qu’il était plutôt homosexuel ce monsieur, […] et que concernant Maëlys ça ressemble plus à une commande c’est à dire c’est pas son truc les petites filles si j’ose dire donc en fait il y a une histoire derrière. »
S’ensuit alors un débat sur la pédocriminalité entraînant tous les journalistes présents sur le plateau. L’équipe de CNews est assez désemparée face aux propos graves que leur invité tient, au point de le rappeler à l’ordre : « Karl Zéro il faut faire attention quand même ! » . Et ce dernier, de son côté, ne manque pas de mettre en avant l’accueil que lui réserve la chaîne qui l’a pourtant invité.
À travers l’analyse de commentaires, nous allons donc observer la réception de l’émission par les spectateurs. Nous tenterons alors d’analyser ce que les réactions des spectateurs disent du rapport entre les plateformes comme Twitter ou YouTube et l’espace laissé au débat ou si justement un autre rôle est donné à la discussion sur ces espaces d’échange. Pour commencer, précisons la méthodologie de notre enquête.
Différentes plateformes pour différentes pratiques.
Sur Twitter.
Nous avons dû faire des choix stratégiques pour mener à bien notre enquête, le premier étant de délimiter notre espace de recherche. Nous avons fait le choix d’explorer l’espace commentaire de Twitter, découlant d’une publication de CNews retranscrivant une courte partie de l’émission le 4 mai 2021 à 10:29. Nous avons recueilli les quelque 340 commentaires publiés à l’issue du post de la chaîne. Afin de pouvoir les étudier nous avons recensé les tweets dans un tableau. À partir de ce corpus nous avons ensuite pu interpréter les différentes données.
Le choix de l’espace de discussion sur Twitter nous semblait être le plus pertinent pour plusieurs raisons. D’une part, sur Youtube, dont nous reparlerons, le passage de Karl Zéro dans l’émission n’était présent que sur la chaîne de l’invité lui-même. Nous avons donc estimé que les différentes opinions des internautes n’y seraient pas représentées. A l’inverse, sur la publication de CNews, nous espérons trouver un parti pris plus ou moins marqué des différents acteurs du débat. D’autre part, le nombre de commentaires présents sur Youtube semblait être beaucoup trop important à étudier, un outil de recensement aurait pu être développé afin de minimiser le temps d’élaboration du corpus. Pour finir, nous avons également constaté que c’était un des réseaux les plus propices aux controverses et aux débats, car il y a une facilité conversationnelle bien plus marquée que sur les autres réseaux, et donc plus propice aux échanges de différentes opinions sur un sujet. Ainsi, de part sa diversité de points de vues et de ses fonctionnalités, l’espace Twitter nous paraissait le plus intéressant à explorer.
Pour autant, nous n’avons pas délaissé YouTube et nous avons souhaité faire un parallèle entre les deux plateformes et l’effet qu’ont leurs différences de fonctionnement sur leurs contenus alimentés directement par les utilisateurs.
Sur YouTube.
Concernant Youtube, la plateforme permet un apport à l’analyse de l’interaction entre émission et communauté numérique. D’une part, avec plus de 3500 commentaires, l’espace de réaction des internautes offre un échantillon plus large et se montre potentiellement plus propice que celui de Twitter à l’apparition de comportements singuliers ou au contraire de pratiques stéréotypées. D’autre part, cette rediffusion de l’émission sur la chaîne Youtube de Karl Zéro implique probablement une objectivité biaisée des auditeurs. Ces derniers ont de plus fortes chances d’être acquis aux thèses de Karl Zéro puisqu’ils comptent probablement parmi les abonnés de la chaîne. Cette seconde conjecture se confirme à la lecture des commentaires et à l’observation des statistiques de la vidéo affichant un ratio de 7600 likes contre 220 dislikes (soit 97% d’avis favorables contre 3% d’avis défavorables).
Cela donne à voir un parti pris largement favorable du côté de Karl Zéro et en défaveur de Pascal Praud et/ou de l’équipe de CNews présente pour l’émission. Notons également que plus de 20% des commentaires ne prennent pas parti mais argumentent autour du sujet initial de l’émission. Cela suggérerait éventuellement la possibilité d’espaces de discussion autour de l’objet initial de l’émission et à première vue, la proportion de commentaires ayant donné lieu à des réponses semble plus élevée que sur Twitter puisqu’un peu plus de 4,7% des commentaires présentent des réponses. Néanmoins ce chiffre perd de son poids dès lors que l’on observe le nombre de réponses apportées à chacun de ces potentiels débuts de dialogues :
Ainsi la moitié de ces 4,7% de commentaires ne dispose que d’une unique réponse et témoigne dans la majorité des cas d’une simple approbation d’un second internaute au propos soulevé voir de l’ajout d’un détail omis en amont par son auteur. Il en va également de même pour nombre de commentaires ayant reçu entre deux et cinq réponses et pour lesquels l’échange s’il a lieu ne rend compte que d’une esquisse de discussion ou de simples approbations successives au propos tenu. Le comportement adopté ici est en cela différent de celui de Twitter que le but de ce type de commentaires est moins la recherche d’une véritable amorce au débat que la simple affirmation d’un avis personnel qui enclenche accidentellement une discussion. La majorité des commentaires avec plus de dix de réponses sont peu nombreux et se concentrent essentiellement sur le premier mois ayant suivi la mise en ligne de la vidéo. Ensuite le comportement tend à s’homogénéiser vers une succession d’opinions subjectifs ou de prises de parti.
Cet espace commentaire illustre alors non pas tant un réel espace de discussion mais plutôt des réactions subjectives et largement partiales autour d’une même problématique. Le discours s’apparente plus à une dialectique éristique dont nous ne serions témoin qu’au travers des propos d’un des adversaires sous la figure de la majorité écrasante de commentaires à l’encontre de Pascal Praud et en faveur de Karl Zéro.
Au cours de l’analyse générale du discours porté par ces commentaires, plusieurs thématiques récurrentes ont pu être dégagées, plus ou moins sous-tendues de complotisme en toile de fond. Pour être plus précis, les réductions généralistes faites par certains internautes se confondent à différents degrés avec les propos clairement complotistes portés par d’autres (≈ 2,6 % des commentaires sont des propos complotistes parfaitement assumé allant du platisme à la régence d’un ordre mondial « reptilien », « illuminati » ou « judéo-maçonnique »).
Cette omniprésence d’une certitude conspirationniste résulte de, et engendre tout à la fois, diverses facettes assimilables aux mécanismes dialectiques décrits par Schopenhauer1 permettant d’expliquer en partie l’unidirectionnalité du discours et l’absence presque totale de propos en défaveur de Karl Zéro. En effet, nous avons pu constater à quel point les commentaires à l’encontre de Karl Zéro étaient minoritaires au sein de cet espace de réactions. Et pour cause si l’on s’attarde sur l’ensemble des commentaires, la grande majorité vise plutôt à décrédibiliser totalement Pascal Praud et les potentiels adeptes de son propos ; ces derniers arborent en somme l’étendard de l’adversaire d’une controverse à grande échelle dont il faut triompher, quitte pour cela à débiter un flot massif d’insanités pour faire valoir leur position. Tous les moyens dialectiques sont ainsi bons pour arriver à cette fin et annihiler dès les premiers commentaires toute pensée qui ne serait pas en adéquation avec l’approbation des propos de Karl Zéro. Nous retrouvons ainsi l’usage de divers stratagèmes :
– L’exemplum in contrarium, instantia c’est-à-dire « poser un seul cas en contradiction avec la proposition pour que celle-ci soit renversée »2 et subsumer cette défense sous une vérité générale afin de donner raison à Karl Zéro. C’est souvent là que nous retrouvons les commentaires complotistes qui font usage de cas spécifiques de pédocriminalité associés à des rituels « sataniques » pour justifier l’existence d’instances mondiales qui seraient derrière la totalité des cas de pédocriminalité.
– L’argumentum ad verecundiam3 quitte à se servir de références non vérifiables, personnelles ou de la culture populaire en lieu et place de figures d’autorités en matière de connaissance et de raisonnement (près de 0,6% des commentaires ont recours à cette pratique).
– Un habile agencement des stratagèmes 8, 12, 13, 27 et 35 énoncés par Schopenhauer à savoir le placer dans une situation de choix entre deux thèses mais dont on a empreint arbitrairement celle qu’il défend d’un odieux raccourci vers une position ou un concept qui est susceptible de mettre son honneur en péril et par conséquent l’amènera de surcroît certainement à s’énerver. Le commentaire « 23 dislikers : pedophiles » et la multitude de ceux incriminant Pascal Praud de pédocriminalité sous l’adage tacite qui tacet consentire videtur4 en sont certainement les illustrations les plus spectaculaires.
– Enfin, son ultime stratagème qui préconise la violence, autrement appelée argumentum ad personam5, puisque la seule parade proposée par Schopenhauer est de « ne pas débattre avec le premier venu […] dans le but de s’appuyer sur des arguments fondés et non sur des sentences sans appels »6. Cette haine qui concerne 3,5% des commentaires dans sa forme la plus violente est intéressante puisqu’elle témoigne directement de cette faculté que souligne Hannah Arendt de la violence à savoir qu’elle « peut détruire la puissance mais ne saurait la remplacer »7 et par conséquent cet espace de commentaires sous le débat de Karl Zéro et Pascal Praud s’apparente beaucoup plus à une « armée d’énergies impotentes qui se dépensent d’une manière spectaculaire et véhémente, mais d’une futilité totale »8.
L’ensemble de ces facteurs expliquent grandement l’unidirectionnalité du discours puisque les adversaires potentiels au débat quittent rapidement le front ou n’y montent simplement pas. Il ne reste alors comme monument qu’un dialogue de sourds à l’encontre de Pascal Praud et ses collègues de CNews.
Se placer en héros.
Dans les commentaires de l’extrait de l’émission postée par le compte Twitter de CNews, nous pouvons constater que deux camps s’opposent. Nous avons d’un côté des personnes qui défendent très clairement Karl Zéro et adhèrent à ses propos et de l’autre, ceux qui remettent sa parole en question en décrédibilisant parfois ouvertement son discours. Comment ces deux camps débattent-ils sur Twitter ? Nous avons recensé 115 Tweets en faveur de Karl Zéro comprenant ainsi ceux qui se mettent en position de défense par rapport à l’accueil qui lui est réservé sur le plateau de l’émission, ceux qui se positionnent comme défenseurs face aux internautes de l’autre camp et ceux qui font l’éloge de Karl Zéro et partagent son point de vue.
Nous pouvons constater que le positionnement des internautes dépend de discours préexistants à l’émission et de leurs connaissances réelles ou prétendues sur le sujet de la pédocriminalité, se considérant comme éveillés et félicitant le courage de Karl Zéro d’exprimer les idées qu’ils partagent également dans les médias. Médias qu’ils n’hésitent pas à pointer du doigt et à accuser de vouloir cacher la vérité. Prenons par exemple le commentaire de @rienadir7 « honteux comme Karl Zéro a été traité sur ce plateau […] la complicité des médias dans ce genre d’affaire est gênante ». Un autre internaute répond à ce tweet : @AristarqueDe « t’as compris comment ça marche ». Cet échange montre qu’un groupe de personnes pensent alors être au courant d’une réalité alternative, cachée par les médias traditionnels. Il y a donc la création d’une arène discursive qui se construit en opposition au discours médiatique dominant. « Les participants s’opposent aux lectures dominantes des médias de masse »9 et Karl Zéro est en quelque sorte leur représentant.
Certains appuient leur soutien à Karl Zéro en apportant des informations supplémentaires sous forme de liens hypertextes renvoyant à des articles au sujet de réseaux pédophiles découverts ou à des vidéos expliquant le dessous de certaines affaires pédocriminelles. Nous pouvons constater que ces vidéos peuvent renvoyer à des chaînes partisantes de théories du complot : tweet de @laurent_amel « la vérité sur le complot + lien vers vidéo youtube.” Cependant les supporters de Karl Zéro ne se considèrent pas comme complotistes et rejettent même totalement cette qualification. @alain654321 « Excellent Karl Zéro. Même si je ne partage pas ses avis complotistes, il a bien remis à sa place le Pascal Praud […] » Et la réponse de @DiteMais « Quelles avis (sic) complotistes ? Ce monsieur enquête depuis des décennies sur des réseaux […] ». De ce fait, même lorsqu’il s’agit d’un internaute se positionnant du côté de Karl Zéro dans ce cas précis, l’évocation du terme « complotiste » est rejeté par ses partisans qui tiennent à justifier la légitimité de celui-ci en niant toute adhésion à une théorie du complot.
Dans le camp opposé à Karl Zéro et par extension opposé au point de vue jugé complotiste, les internautes n’hésitent pas non plus à affirmer leur position. L’utilisateur @0101100101X, qui apparaît 21 fois dans les commentaires, use de beaucoup d’ironie, ce qui lui permet d’insister sur les propos de Karl Zéro qu’il juge absurdes afin de le discréditer : « Il protégeait l’armée voyons c’est pourtant clair ! Dixit KarLeZéro » ; « Oui réhabilitons ce pauvre Marc injustement emprisonné *emoji qui vomit* ». Par l’ironie, l’internaute marque son opposition. Il utilise également des arguments ad hominem, cette fois-ci adressés aux supporters de l’invité : « Tu te rends compte que ce n’est pas sur Twitter que tu vas régler le problème ou t’es demeuré à ce point ? ». @MoreImpMorel qui apparaît 8 fois est également contre l’invité : « N’écoutez pas ce type qui a déjà fait le coup avec l’affaire Allègre ! Il invente des complots pour gagner de l’argent pour ses livres ! *emoji qui vomit* ». Cet internaute accuse ouvertement Karl Zéro d’être un arnaqueur et un complotiste. Ce positionnement totalement affirmé est suivi de 20 réponses dont la majorité sont du camp opposé. Cependant, nous constatons qu’il n’y a aucun débat dans les échanges mais encore une fois une volonté de défendre l’accusé avec des réponses particulièrement violentes : « ouvre ton oreille et ferme ton clapet ! » ; « les enfants victimes vous crachent à la figure !!! » ; « c’est vous qui êtes à vomir ! » ; « n’écoutez surtout pas cette dame ! ». Il s’agit alors d’attaquer directement l’auteure du commentaire sans aucune argumentation approfondie ni apport d’informations concrètes mais soulignant aussi l’appartenance à une communauté d’acteurs.10
Pour autant, le débat comme il est pensé dans l’esprit démocratique n’est pas piétiné par Twitter, certains utilisateurs s’appliquent à fournir du contenu de qualité qui peut servir de fondation à une discussion constructive.
Faire de la place au débat.
En bravant la limitation de caractères, certains usagers de Twitter forment une résistance au dispositif et offrent un élargissement de l’espace de d’expression. Le grand obstacle à la discussion constructive sur Twitter c’est cette restriction de la prise de parole, 140 caractères c’est peu. Et cette pratique de formuler plusieurs tweets à la suite permet aux utilisateurs de prendre le contrepied de la plateforme, de s’exprimer avec plus de précision et ainsi de pallier la désinformation qui opère aussi dans l’incompréhension par manque de précision.
Avec un total de 3,5% des commentaires qui ont recours à cette pratique de leur extension d’espace de parole, le pourcentage d’utilisateurs qui s’investissent de cette façon reste très faible dans notre cas. Mais ils ne sont pas les seuls à avoir la volonté d’ouvrir la discussion et d’apporter les preuves qui ont pu manquer dans l’émission en elle-même. Pour cela, ils peuvent compter sur d’autres usagers qui s’emploient à joindre des médias à la discussion. Qu’il s’agisse d’articles, de photos ou de documentaires, les commentateurs apportent des preuves ( médias ) pour appuyer un propos.
Là encore, on observe que la grande majorité des commentaires ( 81,5 % ) n’ont pas pour objectif de construire une discussion fondée mais qu’il y a des exceptions à ne pas oublier, 63 commentaires qui veulent participer à un discours constructif, ce n’est pas rien. Il serait dommage de passer à côté en statuant que Twitter est un espace qui ne permet pas le débat.
Si nous devions situer le vrai obstacle au débat sur Twitter, nous pencherions du côté du manque de source. À l’image de la discussion entre Karl Zéro et Pascal Praud qui construisent leurs propos sur du vide – l’un ne souhaitant pas donner de preuve pour garder le suspens du contenu de son magazine et l’autre n’ayant pas de connaissances sur le sujet – la plupart des commentaires restent des affirmations sans source citée. C’est un phénomène qui nous a fait penser aux questions sur google qui apparaissent lorsqu’on formule une recherche. Il s’agit d’informations que l’internaute n’avait pas demandées et qui se transforment en réflexion pré-mâchée, sans jamais de source citée. Le problème de ce phénomène c’est qu’à travers la praticité apparente, les sources sont invisibilisées ce qui peut rapidement conduire à de la désinformation sous couvert d’accessibilité.
Finalement, en choisissant Twitter, nous voulions faire ressortir l’image d’un débat polarisé sur le sujet choisi, mais après l’analyse des tweets recensés, nous nous sommes rendus compte qu’en réalité, la façon dont Karl Zéro avait été reçu par les journalistes de la chaîne faisait pencher les spectateurs de son côté. En se plaçant en défenseur de l’invité malmené, le spectateur accepte presque son point de vue simplement pour être du bon côté de l’histoire.
De cette observation, nous avons pu déterminer notre axe de recherche, qui portait donc sur l’idée que la façon dont est reçu un invité sur un plateau peut peser sur la réception de l’opinion des internautes qui prennent part au débat et qui contribuent à lui laisser la place de se développer correctement. Twitter bride ses internautes en mettant en place un restriction de caractères – limitation que les utilisateurs se sont empressés de braver. Mais c’est un réseau qui laisse une part de liberté quant au contenu partagé, avec notamment la possibilité de partager des images, des liens ou encore d’autres tweets et donc la possibilité de construire un débat constructif parmi les internautes qui réagissent.
. Références bibliographiques .
- SCHOPENHAUER, Arthur, L’art d’avoir toujours raison, Leipzig, Brockhaus, 1864, édition consultée : Paris, Mille et une nuits, 2020.
- Ibid., édition consultée : p. 43.
- Ibid,. p. 48.
- « Qui ne dit mot consent ».
- Ibid,. p. 60.
- Ibid,. p. 62-63.
- ARENDT, Hannah, La condition de l’homme moderne, Chicago, Chicago Press, 1958, édition consultée : Paris, Pocket, 1994, p. 262.
- Ibid.
- TASSIN, Etienne, « Les gloires ordinaires. Actualité du concept arendtien d’espace public », Cahiers Sens Public, n°15-16, Montréal, Association Sens Public, 2013, p. 23-36.
- VINCENT, Maud, « La dégradation du débat public : le forum de l’émission “On ne peut pas plaire à tout le monde” », Hermès La Revue, n°47, Paris, CNRS, 2007, p. 99-106.
Merci pour cette analyse détaillée et la pertinence de vos propos. Nous voyons bien que c’est un sujet lourd, qui révèle beaucoup de questionnements et désaccords de la part des internautes.
Nous aimerions vous exprimer certains questionnements.
Nous pensons tout d’abord qu’il aurait été plus précis de ne concentrer votre analyse que sur Twitter. Comme vous l’avez très bien souligné, l’ensemble des deux réseaux sociaux donnait accès à un nombre beaucoup trop important de commentaires, que seul un outil de recensement pourrait analyser au mieux. De plus, le fait que cette vidéo soit republiée sur la chaîne YouTube même de l’invité, doit certainement révéler des clivages politiques très homogènes entre les internautes. L’intégralité des commentaires Twitter aurait pu servir, seule, à votre enquête. Les commentaires YouTube auraient pu faire l’objet d’un autre questionnement, abordant les possibles différences de comportements des internautes en fonction du réseau social qu’ils utilisent…
Cependant, le tableau avec la répartition des commentaires YouTube était très pertinent et très parlant selon nous, il illustre bien le fait que la plupart sont en accord avec l’invité et en désaccord avec Pascal Praud. Cela appuie notre propos quant à l’utilité de n’étudier que les commentaires Twitter : il n’y a pas suffisamment de dimension contradictoire et de débat réellement acté sur YouTube.
On observe à travers votre analyse une dimension néanmoins beaucoup plus contradictoire sur Twitter que sur YouTube. Deux opinions, que vous avez totalement saisies, se démarquent et permettent d’alimenter l’espace de réactions. Pensez-vous que le réseau social Twitter est plus apte à recevoir des critiques des internautes ? Connaissant particulièrement ce réseau pour la virulence des réactions, peut-être pouvons-nous dire que la modération de Twitter n’est pas aussi restrictive que sur YouTube ?
La partie sur “l’élargissement de l’espace d’expression” nous a beaucoup intéressé. Nous avons trouvé que c’était un bon angle d’approche et de questionnement. On voit bien que l’internaute va toujours “au-delà” des règles. La règle des 140 caractères maximum est transgressée et fait preuve d’une certaine maîtrise et appropriation du réseau. Cette fameuse règle montre bien que ce réseau social entrave, de cette manière, à la liberté d’expression des internautes.
Également, les “preuves imagées” que vous avez décrites sont très parlantes et vivantes. Un plus grand nombre d’illustrations aurait facilité la lecture de votre article (tout comme vous l’avez fait pour le tableau YouTube). Plusieurs screens imageant vos arguments à la place de guillemets aurait été le mieux, même si nous supposons que cela relève d’un choix éditorial assumé.
L’apport quantitatif donné à votre article est très intéressant. Il révèle l’ampleur du travail d’analyse et permet de structurer votre article, dont la première lecture peut paraître lourde.
Votre conclusion nous a paru très concise et bien récapitulative. On comprend bien que votre analyse s’est orientée au fur et à mesure de vos découvertes et avancées, faisant vivre votre article au rythme de notre lecture. Cependant, nous ne sommes pas sûres que cela apporte un questionnement profond sur le débat de Karl Zéro, mais plus sur les agissements des internautes dans les espaces commentaires, de manière assez globale.
Lucie, Léna et Annaé
Merci pour votre commentaire et les complémentarités que vous avez su apporter à notre article. Nous savons l’importance du rôle que peut avoir un oeil extérieur sur un travail de réflexion et nous prenons vos remarques en compte pour affiner notre enquête.
Dans notre approche se trouve justement l’aboutissement de notre réflexion comme vous l’auriez pensée plus pertinente. Au début de notre enquête nous nous sommes bel et bien concentrés sur les commentaires Twitter et ce, pour toutes les raisons que vous avez cité – nombre élevé de commentaires, partialité des commentateurs,.. – choix que nous expliquons dans la première partie de notre article.
Si nous avons choisi finalement de procéder à une analyse des commentaires YouTube également, en gardant toujours en tête les points qui orientent le débat sur cette plateforme, c’est à la suite d’une découverte. Très rapidement, nous avons constaté que sur YouTube, où les caractères ne sont pas limités et où l’utilisateur à toute la place qui lui est nécessaire pour développer son opinion, il se contente d’adopter les mêmes pratiques que sur Twitter. À partir de ce constat, ce qui devait rester une parenthèse s’est transformé en point important de notre article.
Sans doute, la confusion vient du fait que nous n’ayons pas clairement retracé les étapes de notre réflexion. Ou encore que nous soyons laissé porter par cette découverte qui nous a semblé importante et nous a laissé revenir sur un choix du terrain à étudier – choix que nous avions justement fait pour ne pas nous laisser submerger.
Aujourd’hui, avec un peu de recul et votre retour sur notre travail, si nous devions faire les choses autrement, nous prendrions compte au maximum les limites, dans le temps comme dans les moyens, que nous imposait cette enquête. De cette façon nous allégerions la lecture et surtout nous éviterions d’aller chercher l’exhaustivité pour nous concentrer sur des questionnements comme ceux que vous avez mis en lumière :
« Pensez-vous que le réseau social Twitter est plus apte à recevoir des critiques des internautes ? Connaissant particulièrement ce réseau pour la virulence des réactions, peut-être pouvons-nous dire que la modération de Twitter n’est pas aussi restrictive que sur YouTube ? »
D’après nos observations, la critique a été aussi présente sur YouTube que sur Twitter puisqu’elle n’était pas vraiment présente dans un cas comme dans l’autre. En revanche, si nous observons de plus près la grande raison des échanges dans les commentaires selon les deux plateformes citées, nous comprenons très vite pourquoi les réactions sur Twitter sont plus virulentes. Twitter est un réseau qui fonctionne essentiellement sur la polémique et la confrontation, c’est d’ailleurs tout le sens des hashtags, ils forment un groupe d’utilisateurs qui veulent réagir. Le simple emploi de ces hashtags signe l’envie de prendre part à une conversation sur un sujet précis, c’est d’ailleurs toute un savoir à intégrer en soi puisque comme nous l’explique Virginie Julliard [1], un hashtag erroné coupe la possibilité de toute confrontation. Mais apprendre cette technique de référencement et savoir l’utiliser marque un engagement. La présence d’un utilisateur à propos d’un sujet ne relève aucunement du hasard, et nous avons tous tendance à nous emballer davantage en parlant d’un sujet qui nous tient à cœur.
En ce qui concerne la modération, elle est encore très floue sur les plateformes puisqu’elles assurent évidemment faire tout leur possible pour contrer les discours de haine. Mais si vraiment elles font leur maximum alors on peut relever leur impuissance à agir de ce côté parce que les débordements en tous genre pullulent tant sur YouTube que sur Twitter et d’ailleurs sur tous les réseaux sociaux. Nous vous invitons à aller voir les propos tenus par Frances Haugen sur le fonctionnement interne de Facebook à ce sujet.
Maintenant pour reprendre d’autres points qui vous ont un peu gênés à la compréhension de notre article ; pour ce qui est de la présentation, nous prenons note que davantage d’images vous aurez facilité la compréhension. Je crois que notre problème principal en ce qui concerne la forme de l’article a surtout été la nouveauté de l’outil WordPress pour nous. Mais avec un peu d’entraînement, nous devrions pouvoir faire mieux, tant pour la hiérarchisation des informations et des titres que pour l’insertion de médias divers.
Finalement, nous avons cru comprendre que vous attendiez un questionnement sur le débat de Karl Zéro plutôt que sur les agissements des commentateurs et nous vous invitons à trouver cette analyse là du côté de l’article sur l’émission en question qui a été brillamment rédigé et construit par nos camarades : https://des-hauts-et-debats.fr/pedocriminalite-la-performance-surpasse-linformation-sur-cnews/
Merci encore pour votre retour, il nous est précieux et nous laisse affiner tant notre réflexion que notre méthodologie d’enquête.
PLAZIAT Marion, TAZARO Margerie, DINASQUET Raphaël, BEY Camille.
1. Virginie Julliard, 2016, « #Theoridugenre : comment débat-on du genre sur Twitter ? », Questions de communication, n°30 [ en ligne ]